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Ashley Madison : des responsables américains sur la liste des "infidèles", le FBI forcé d’enquêter

Un collectif de hackers surnommé "The Impact team" a piraté au mois de juillet le site de rencontres adultèrines Ashley Madison, dévoilant les adresses mails de plus de 30 millions d’abonnés, dont certaines renvoient à des responsables américains.

"La vie est courte, prenez un amant". Le site américain de rencontres extraconjugales Ashley Madison ne pensait sûrement pas qu’un jour sa devise première, l’absolue discrétion - promise à ses 32 millions d’abonnés -, serait ainsi mise à mal. Et pourtant, au mois de juillet, un groupe de pirates informatiques, baptisé The Impact Team, en a décidé autrement. Ne supportant pas ces "pourritures d’infidèles", ces "salauds", ces "menteurs", The Impact team, qui se pose en garant de la probité conjugale, a décidé de subtiliser les adresses électroniques des 32 millions d’utilisateurs du site avant de les mettre en ligne sur Internet, mardi 18 août. Plusieurs semaines auparavant, les pirates avaient fait pression sur le groupe, les exhortant à fermer leur site sous peine de publication de ces fichiers.

Avid Life Media, la société propriétaire d'Ashley Madison basée au Canada, n’avait pas voulu céder à ce chantage. Aujourd’hui, elle remue ciel et terre pour colmater l’immense fuite de données et explique avoir engagé l'une des meilleures équipes au monde en la matière pour atténuer l'attaque. Mais le mal est fait. L'identité des fricoteurs impénitents abonnés à Ashley Madison a été révélée. Et même si leurs données personnelles ont été publiées sur le dark net, un réseau internet difficilement accessible pour le grand public, ce piratage pourrait avoir des conséquences catastrophiques.

Malgré de nombreux fakes (14000 google․com…), voici la liste des prestataires FR les plus utilisés #AshleyMadisonHack pic.twitter.com/oXXQkQQbLI

— 「TOMHTML」 (@TOMHTML) 19 Août 2015

Sexe, politique et maître-chanteur

Parmi la foule d’inscrits sur le site de rencontres, se trouvent en effet des dizaines de milliers de noms de… responsables du gouvernement américain et de militaires. Dans un pays où une relation adultérine peut ruiner une carrière en un claquement de doigts, certains experts informatiques, comme Graham Clulez, craignent que de nombreux clients ne résistent pas aux maître-chanteurs. "Il est facile de s’imaginer que des personnes, qui ne veulent pas que des détails de leurs habitudes sexuelles soient connus, cèdent au chantage", a-t-il expliqué à l’AFP.

En deux jours, l’affaire a pris une telle ampleur que le FBI a confirmé, mercredi 19 août, qu’il avait ouvert une enquête. D’après les informations de CyberAngel, une entreprise spécialiste en cybersécurité, près de 260 000 adresses mail françaises figurent parmi les données dévoilées, dont une trentaine appartiennent au gouvernement (elles se terminent par "gouv.fr"), et près de 1200 adresses concernent l’Arabie saoudite où l’adultère est passible de la peine de mort.

Someone Created an Ashley Madison Account Using My Gmail & All I Got Was This Extortion Screen http://t.co/pXvjhYqSUe pic.twitter.com/kg0frld35a

— The Intercept (@the_intercept) 25 Juillet 2015

Ashley Madison et les profils "fake"

Attention cependant à ne pas désigner de coupables trop vite. Sur son blog, Graham Clulez rappelle que dans cette gigantesque base de données désormais publique, se trouvent certainement des centaines d’adresses "fake". Il est en effet très simple de voler l’identité d’un tiers et de se créer une fausse adresse, explique-t-il. En juillet, le site américain Intercept avait publié l’histoire d’une Américaine dont l’adresse mail avait été utilisée pour créer un faux compte sur Ashley Madison afin de lui soustraire de l’argent. Ces faux profils ont même été l’objet d’un procès entre le site et une ancienne employée du site, Doriana Silva. Comble de l’ironie, selon la plaignante, c’est la société Ashley Madison elle-même qui demanderait à certains de ses salariés de créer des faux comptes féminins pour pallier au manque d’inscriptions de femmes…

Ashley Madison devait prochainement entrer en Bourse. Un projet qui semble aujourd’hui compromis. Le site connaît depuis ses débuts un franc succès. "Depuis 2009, il a multiplié par quatre ses ventes, atteignant un niveau de 115 millions de dollars l'année", rappelle "Le Figaro". Une réussite qui n’a pas épargné la France. Son lancement dans l’Hexagone en 2012 avait d’ailleurs marqué les esprits et suscité une polémique. La campagne de pub en question mettait en scène d’anciens chefs de l’État tels que François Mitterrand, Jacques Chirac ou encore Nicolas Sarkozy avec une fausse marque de rouge à lèvres sur le front. "Quel est le point commun entre tous ces hommes ?" avaient titré le sulfureux site. "Ils auraient dû penser à Ashley Madison…" Pas sûr, au regard de l’actualité.