logo

En Crimée, Vladimir Poutine se présente en homme d'action

Devant les caméras de télévision, le président russe a plongé à plus de 80 mètres de fond au large de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou. L'occasion pour l'homme fort du Kremlin d'évoquer la situation dans l'est de l'Ukraine.

On l'a déjà vu plonger en sous-marin au fond du lac Baïkal, piloter une Formule 1, chasser la baleine à l'arbalète, voler en bombardier ou pêcher un brochet de 21 kilos en Sibérie. Fidèle à sa réputation de dirigeant qui aime cultiver son image d'homme d'action, Vladimir Poutine a effectué, mardi 18 août, une plongée dans un petit sous-marin au large de la Crimée, péninsule cédée en 1954 à l'Ukraine et que la Russie a annexée en mars 2014.

Devant les caméras de la télévision russe, qui a diffusé les images en direct, l’homme fort du Kremlin est descendu par plus de 80 mètres de fond à bord d'un bathyscaphe pour inspecter l'épave d'un navire byzantin du Xe siècle découverte en mai dans la mer Noire.

Une expédition politique

"C'est une profondeur considérable", a fanfaronné le président russe. Cette plongée "est un bon moyen de se rappeler à quel point nos racines historiques sont profondes, tout comme l'histoire de nos relations avec le monde entier", a-t-il ensuite commenté à l’issue de cette expédition aux accents politiques.

Le président russe a en effet profité de cette démonstration en Crimée pour évoquer la situation dans l’est de l’Ukraine, où les combats entre forces gouvernementales et séparatistes pro-russes s'intensifient depuis plusieurs jours. Une flambée de violences que Vladimir Poutine a imputée à Kiev. "Nous assistons désormais avec regrets à cette escalade du conflit et la responsabilité n'incombe pas à la milice du Donbass [séparatistes pro-russes], mais à la partie adverse, a-t-il affirmé. J'espère qu'il n'y aura pas d'affrontements directs à grande échelle."

>> À voir dans l'Entretien de France 24 : "Poutine voudrait une Ukraine dans le giron russe : indépendante mais satellite"

Lundi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a accusé les autorités ukrainiennes de préparer une nouvelle offensive d'envergure contre les séparatistes de l'Est. "Nous sommes inquiets de l'évolution de ces derniers jours, qui évoque fortement la préparation de nouvelles initiatives militaires, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Moscou. C'est comme en août de l'année dernière, quand les soldats ukrainiens ont reçu l'ordre d'attaquer [...] On ne doit pas chercher à faire des expériences ni tenter sa chance. On doit juste appliquer ce qui a été convenu à Minsk."

"Un défi lancé au monde civilisé"

À Kiev, le président ukrainien Petro Porochenko a qualifié pour sa part la visite de Vladimir Poutine en Crimée de provocation calculée. "C'est un défi lancé au monde civilisé et la poursuite d'un plan visant à intensifier la situation que mènent les troupes russes et leurs mercenaires dans le Donbass", a-t-il commenté sur Facebook.

>> À lire sur France 24 : Pour le futur chef d'état-major, la Russie est "la plus grande menace" pour les États-Unis

Sur le terrain, rebelles et forces gouvernementales s'accusent mutuellement depuis des semaines de violations répétées du cessez-le-feu conclu en février à Minsk. Les nouveaux affrontements ont causé la mort d'au moins deux soldats ukrainiens et de plusieurs civils, a appris l’AFP auprès de sources militaires et séparatistes.

Un homme et une jeune femme ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi par des tirs des rebelles à Sartana, localité située à 20 km de Marioupol, ville portuaire stratégique sur la mer d'Azov que tiennent les forces gouvernementales. Selon un porte-parole militaire, les combats des 24 dernières heures ont par ailleurs fait deux morts et sept blessés dans les rangs de l'armée ukrainienne. Les séparatistes font quant à eux état de trois morts et de quatre blessés à Horlivka, ville tenue par les milices pro-russes au nord de leur fief de Donetsk, la capitale du Donbass.

Avec AFP et Reuters