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L'opposante Aung San Suu Kyi entendue par ses juges

La junte militaire birmane s'estime en droit de prolonger l'assignation à résidence d'Aung San Suu Kyi pour une durée de six mois. Jugée pour avoir enfreint les règles de cette peine, l'opposante doit s'adresser à ses juges ce mardi.

Le régime militaire en Birmanie a affirmé mardi qu'il était en droit de prolonger encore de six mois la période d'assignation à résidence de l'opposante Aung San Suu Kyi, qui expire le mercredi 27 mai.

La junte a défendu cette position dans une déclaration remise à des diplomates et des journalistes autorisés mardi à entrer dans la prison d'Insein où se déroule le procès de Mme Suu Kyi.

Aung San Suu Kyi face à ses juges

Aung San Suu Kyi doit s'adresser à ses juges mardi dans le cadre de son procès pour violation de ses conditions d'assignation à résidence en Birmanie.
 

Lundi, le parquet a décidé de ne pas entendre les huit derniers témoins de l'accusation, ce qui laisse supposer que le
procès de l'opposante pourrait s'achever rapidement.

"Comme les témoins restants n'ont pas été retenus, Aung San Suu Kyi sera entendue demain", a déclaré lundi l'avocat de
l'opposante, Nyan Win. "Il est possible que le jugement soit déjà rédigé", a ajouté Nyan Win.


L'avocat s'est plaint de ne pas avoir pu rencontrer l'opposante avant son audition.


Quatre témoins à décharge seront normalement entendus après Aung San Suu Kyi. Parmi eux figurent Win Tin, le plus vieux prisonnier politique du pays avant sa libération l'an dernier, et Tin Oo, le vice-président de la Ligue nationale pour la
démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi, qui est en résidence surveillée depuis 2003.


"Si les auditions se poursuivent à ce rythme, le procès dans son ensemble pourrait s'achever dans trois ou quatre jours", a estimé Nyan Win.
 

Des diplomates et des journalistes birmans travaillant pour la presse nationale ou pour des médias étrangers seront
autorisés à assister aux débats. "On nous a dit de nous rendre à la prison à 7h30", a dit un diplomate asiatique à Reuters.


L'audience avait également été ouverte à quelques journalistes et diplomates mercredi dernier.


Elements subversifs


Suu Kyi, 63 ans, prix Nobel de la paix 1991, risque jusqu'à cinq années de prison.


La justice birmane lui reproche, en vertu d'une loi sur la sécurité qui protège l'Etat contre des "éléments subversifs",
d'avoir enfreint les règles de son assignation à résidence en laissant entrer chez elle un Américain.


Cette assignation à résidence arrive normalement à expiration mercredi prochain et l'opposition birmane pense que
la junte cherche par ce procès à la maintenir en détention jusqu'après les élections de 2010.


Des témoins ont vu la police retirer les lourdes barrières de métal dans la rue proche du domicile d'Aung San Suu Kyi, ce
qui pourrait signifier qu'"elle ne sera pas envoyée chez elle après le procès" mais directement en prison, a déclaré un haut
responsable de la LND, Han Tha Myint.


Vendredi, Suu Kyi a plaidé non coupable, de même que l'Américain John Yettaw, 53 ans, qui a expliqué être venu
prévenir l'opposante qu'elle était en danger après avoir fait un rêve dans lequel sa vie était menacée.


Mais Yettaw, inculpé d'infraction aux lois sur l'immigration et d'avoir pénétré dans une zone interdite, a dit lundi à ses
avocats qu'il avait changé d'avis et voulait maintenant plaider coupable, a rapporté Nyan Win.