logo

Israël prêt à libérer Mohammed Allan, Palestinien gréviste de la faim, s'il part à l'étranger

Le gouvernement israélien s'est dit prêt lundi à libérer Mohammed Allan, un détenu palestinien actuellement dans le coma en raison d'une grève de la faim, s'il accepte de partir dans un autre pays. Son avocat a rejeté cette proposition.

Mises à l’épreuve par la situation d’un détenu palestinien, actuellement dans le coma après une grève de la faim de deux mois, les autorités israéliennes ont réagi lundi 17 août en proposant de libérer Mohammed Allan en échange de son départ pour l’étranger.

"L'État est prêt à envisager (la) libération (...) s'il accepte d'aller à l'étranger pour une durée de quatre ans", a indiqué le ministère israélien de la Justice dans un communiqué publié avant une audience de la Cour suprême.

Ce prisonnier, un avocat de 31 ans, est tombé vendredi dernier dans le coma et a été placé sous respirateur artificiel et sous perfusion d’eau salée. Malgré son état de santé très préoccupant, son avocat a "rejeté catégoriquement" la proposition des autorités israéliennes. "Mohammed Allan s'est engagé dans cette bataille avec pour but la liberté, donc nous refusons", s'est justifié Me Jamil al-Khatib. La Cour suprême, saisie par cet avocat pour libérer son client pour raisons médicales, doit siéger à nouveau mercredi.

Le sort de cet homme détenu depuis novembre 2014 et présenté par le Jihad islamique comme l’un de ses membres suscite de plus en plus de mécontentement au sein de l’opinion palestinienne. Des heurts ont ainsi éclaté dimanche soir devant l'hôpital israélien d'Ashkelon où il est soigné. La police a déclaré avoir arrêté plus de 10 juifs et Arabes israéliens ainsi que des Palestiniens de Jérusalem-Est pour jets de pierres sur des officiers et trouble à l'ordre public dans la ville.

Une loi controversée

Le cas de ce détenu a également un relief particulier compte tenu d'un contexte légal nouveau. Le Parlement israélien a en effet adopté fin juillet une loi permettant de nourrir de force un prisonnier en grève de la faim si sa vie est menacée. S’il reprend conscience et s’il continue de refuser de manger, le gouvernement devra alors décider s’il applique cette loi. Dans ce cas, les autorités devront obtenir une décision d'un tribunal.

Les médecins pourront toutefois décider de refuser cet ordre. Nombre d'entre eux ont déjà dit qu'ils n'appliqueraient pas la loi, puisque celle-ci leur laisse le choix, mais les soutiens de Mohammed Allan s'inquiètent de voir les autorités trouver des praticiens prêts à s'y conformer.

Médecins et défenseurs des droits de l'Homme s'opposent à une pratique qualifiée par certains d’entre eux de "torture" et qui prive, selon eux, les Palestiniens d'une forme de protestation légitime. Ils craignent aussi de se retrouver au milieu d’une querelle politique. L’association médicale israélienne a ainsi introduit un recours contre cette nouvelle loi.

Selon les autorités, celle-ci vise à couper court à ce que le gouvernement considère comme le chantage des prisonniers palestiniens. Pour ces derniers, la grève de la faim est une arme couramment employée, en particulier pour dénoncer leur détention administrative. Israël avait libéré en juillet le Palestinien Khader Adnane après 56 jours de grève de la faim.

Avec AFP