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Abe reconnaît les "souffrances incommensurables" causées par le Japon en 39-45

À l’occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Premier ministre japonais a déclaré vendredi que son pays avait causé "des dommages et des souffrances incommensurables", mais n'a pas exprimé d'excuses officielles.

La reconnaissance de "dommages et de souffrances incommensurables" mais pas d’excuses officielles. Le discours prononcé vendredi 14 août par le Premier ministre japonais Shinzo Abe à l’occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale était très attendu par ses voisins asiatiques.

"C’est un acte important car Shinzo Abe est toujours soupçonné par ses voisins d’être un révisionniste et de ne pas reconnaître sincèrement le mal commis pendant la guerre, explique Marie Linton, correspondante de France 24 à Tokyo. Ces excuses nationales sont déterminantes et pourraient ouvrir la voie à un sommet entre la Chine et le Japon dans les prochaines semaines."

Le chef du gouvernement a exprimé ses "éternelles condoléances" pour les victimes de la guerre dans son pays et à l'étranger mais a appelé à ne pas "prédestiner" les enfants et générations futures à s'excuser pour la guerre, à l'occasion des 70 ans de la reddition du Japon. L'héritage de la Seconde Guerre mondiale continue de peser sur les relations entre le Japon et les pays asiatiques occupés à l'époque du conflit par l'armée japonaise.

"Chaque mot employé par Shinzo Abe est analysé et critiqué par la Corée du Sud et la Chine. Le moindre faux pas de Shinzo Abe aura de lourdes conséquences sur les relations en Asie, surtout qu’il a eu du mal à en établir avec ses voisins, qui continuent à le considérer comme un nationaliste, voire comme un révisionniste", souligne Marie Linton.

"Agression et régime colonial"

Pékin et Séoul ont ainsi dit souhaiter que Shinzo Abe reprenne à son compte les propos tenus en 1995 par son prédécesseur Tomiichi Murayama, qui avait alors présenté "des excuses sincères" pour les souffrances provoquées par "l'agression et le régime colonial" de Tokyo.

La tension s'est accentuée depuis que le Japon, dont le pacifisme est inscrit dans la constitution, a émis un projet de loi visant à permettre aux forces militaires japonaises de prendre part à un conflit à l’étranger aux côtés de leurs alliés et d’approvisionner les États-Unis en munitions n’importe où sur la planète.

>> À voir sur France 24 : "Focus : le renouveau militaire du Japon"

Depuis avril 2014, le Japon a nettement assoupli l’interdiction d’exporter des armes. Les industriels japonais qui se contentaient d’équiper les forces d’autodéfense, peuvent maintenant vendre leurs produits à l’étranger.

"Cette loi passe très mal dans un pays très attaché à ses principes pacifistes, inscrits dans la Constitution depuis la Seconde Guerre mondiale. Shinzo Abe a assuré qu’il garderait ce principe pacifiste. Mais il n’est pas sûr que ces déclarations suffisent à rassurer les Japonais qui sont en majorité opposés à ces nouvelles lois de défense. D’où une forte chute de Shinzo Abe dans les sondages, qui est passé sous la barre des 40 %, deux fois moins par rapport à son arrivée au pouvoir."

Avec AFP et Reuters