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Afghanistan : une dizaine de morts dans un attentat au camion piégé à Kaboul

La capitale afghane Kaboul a été frappée, vendredi matin, par un attentat au camion piégé. Un bilan provisoire fait état d'au moins 15 morts et plus de 240 blessés, selon un porte-parole du président Ashraf Ghani.

Un attentat au camion piégé a été perpétré, vendredi 7 août au matin, dans un quartier résidentiel de Kaboul, la capitale afghane. Au moins 15 personnes ont été tueés et plus de 240 blessées, a annoncé un porte-parole du président Ashraf Ghani. Parmi eux, "47 femmes et 33 enfants", a-t-il précisé.

Le nombre très élevé de blessés s’explique par la localisation de l’explosion. Dans le quartier résidentiel de Shah Shaheed, à l’est de Kaboul, la déflagration a fait voler en éclats les vitres des maisons blessant les habitants pour la plupart endormis à l'heure de l'attentat.

Un photographe de l’AFP a rapporté que l’attentat avait soufflé plusieurs immeubles alentours et creusé un cratère d’une dizaine de mètres de profondeur au milieu de la chaussée.

"Les auteurs de cette attaque avaient l'intention de commettre un massacre", a déploré le général Abdul Rahman Rahimi, chef de la police de Kaboul.

Des Afghans appelaient vendredi leurs compatriotes à donner leur sang pour soulager des hôpitaux débordés à la suite de cette attaque vivement condamnée par le président Ashraf Ghani.

"En perpétrant un attentat-suicide dans un quartier d'habitation, les ennemis du peuple afghan ne récoltent que la honte", a-t-il déclaré, tandis que les enquêteurs de la police estimaient que le bâtiment militaire situé à proximité du lieu de l'attaque était en fait la cible des assaillants.

Les rebelles talibans n'ont pas revendiqué cette attaque mais avaient déjà tué neuf personnes, jeudi, au cours de la première vague d'attentats d'envergure depuis la désignation de leur nouveau chef, le mollah Akhtar Mansour, à la tête du mouvement la semaine dernière.

Zabihullah Mojahid, porte-parole des rebelles talibans, a déclaré ne pas être "au courant" de cette attaque, mais elle pourrait porter leur marque. Selon un rapport de l'ONU en Afghanistan publié cette semaine, les insurgés ne revendiquent généralement pas les attentats faisant des victimes civiles, même s'ils sont responsables de la plus grande partie des violences contre ces derniers.

Discorde au sein des Taliban

Les violences à Kaboul, Kandahar et dans le Logar constituent la première vague d'attaques d'envergure depuis la désignation du mollah Akhtar Mansour à la tête des taliban la semaine dernière, en remplacement de leur chef historique, le mollah Omar.

"Cette nouvelle vague d'attentats montre que le mollah Mansour n'est pas mieux que le mollah Omar", a jugé l'analyste militaire Mirza Mohammad Yarmand. "Le gouvernement afghan devrait essayer de tirer profit des divisions au sein des Taliban".

Car une frange de la rébellion islamiste refuse de faire allégeance au nouveau chef, l'accusant d'avoir été couronné au terme d'un processus de désignation expéditif et d'avoir menti pendant deux ans sur l'état de santé du mollah Omar, qui s'est éteint en avril 2013 au Pakistan, selon les services secrets afghans.

Preuve de ces discordes : lundi, Tayeb Agha, chef du bureau politique des Taliban établi au Qatar pour faciliter un éventuel dialogue de paix avec Kaboul, a démissionné. Trois jours plus tard, deux autres responsables de ce même bureau politique, Aziz Rehman et Mawlawi Nek Mohammad, lui ont emboîté le pas.

Les négociations de paix avec le gouvernement afghan sont le dossier brûlant dont hérite le mollah Mansour. Après un premier cycle de pourparlers organisé début juillet au Pakistan, une deuxième rencontre entre les deux parties devait avoir lieu la semaine dernière, mais elle a été reportée sine die après l'annonce de la mort du mollah Omar.

Aucune date n'a encore été fixée pour la reprise de ce dialogue qui demeure la "seule option crédible" afin de stabiliser la région, a plaidé cette semaine le chef de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif.

Vendredi soir, un second attentat suicide a visé une académie de police dans le centre de Kaboul. Un responsable du renseignement a avancé un bilan d'au moins vingt morts. L'attaque n'a pas encore été revendiquée.

Avec AFP