Des milliers de supporters palestiniens ont laissé éclater leur ferveur, jeudi 6 août dans le stade Yarmouk de Gaza, lors de la rencontre opposant le club Al-Ahli d'Hébron, dans le sud de la Cisjordanie occupée, et Chajaïya, le club phare de la bande de Gaza. Au terme d'un match particulièrement enfiévré dans les tribunes qui n'avaient pas pu accueillir tout le monde, les deux formations se sont quittées sur le score de 0 à 0.

Dans un tintamarre de tambours et de fumigènes, les supporters locaux de Chajaïya ont poussé leur équipe. Même si la rencontre s’est déroulée dans une relative bonne ambiance, une pluie de bouteilles d'eau s'est abattue sur la pelouse quand Chajaïya s'est vu refuser un but en seconde mi-temps.

Il s'agissait de la première rencontre en 15 ans entre des équipes issues de Gaza et de la Cisjordanie. En raison des querelles inter-palestiniennes entre le Hamas et l'Autorité palestinienne et du blocus israélien, la Cisjordanie et la bande de Gaza disputent en effet deux championnats distincts.

"Briser le siège imposé au sport gazaoui"

Au-delà de l'enjeu sportif, ce match a ainsi représenté un véritable symbole. "Le football a réussi là où les politiciens ont échoué : il rassemble le peuple", a ainsi commenté le gardien de but d'Al-Ahli, Azmi Chweiki. Pour Ahmed Mahajni, son coéquipier arabe israélien d'Al-Ahli, venir "pour la première fois" de sa vie dans la petite enclave côtière, soumise depuis neuf ans au blocus israélien et coupée du monde depuis que l'Égypte a aussi fermé sa frontière, représente "déjà une victoire" sur les entraves aux mouvements des joueurs. Pour rejoindre la bande de Gaza, Hébron a en effet soumis (et obtenu) l'entrée de ses joueurs à l'approbation d'Israël.

Un an après l'opération "Bordure protectrice", qui a fait plus de 2 200 morts côté palestinien et plus de 70 côté israélien, les joueurs ont aussi pu voir de leurs yeux les traces du conflit à Chajaïya, qui fut l'un des quartiers les plus ravagés par le conflit. "On avait vu grâce aux médias les dégâts de la guerre, mais voir tout ça en vrai, c'est un autre sentiment, bien plus fort", a expliqué Fadi Dweik.

Pour Salah Harazallah, président de Chajaïya, peu importe le résultat de la rencontre. "Le but de ce match était de briser le siège imposé au sport gazaoui et il a été atteint quand al-Ahli est entré à Gaza", a-t-il insisté.

Les deux équipes se retrouveront toutefois dimanche lors du match retour. Le vainqueur de cette rencontre représentera la Palestine, membre de la Fifa depuis 1998, lors des compétitions régionales et internationales.

Avec AFP