Le célèbre journaliste mexicain Ruben Espinosa, qui se sentait menacé par les autorités, a été retrouvé mort, ainsi que quatre femmes, à Mexico. Cette découverte, révélée dimanche par les autorités, a déclenché des manifestations dans tout le pays.
Ruben Espinosa, célèbre journaliste de presse mexicain, a été retrouvé mort vendredi avec quatre autres personnes dans un appartement de Narvarte, un quartier de Mexico, a confirmé, dimanche 2 août, le procureur de la capitale. Âgé de 31 ans, ce reporter travaillait pour le grand hebdomadaire mexicain "Proceso" et pour l'agence de photographie Cuartoscuro.
Comme les quatre autres victimes, parmi lesquelles une militante des droits de l'Homme, Ruben Espinos a été battu et a reçu une balle dans la tête. Selon une source policière, les corps avaient "les mains liées" et les victimes auraient pu être torturées.
La division du bureau du procureur général fédéral spécialisée dans les crimes contre la liberté d'expression collabore à l'enquête, a précisé le procureur Rodolfo Rios, lors d'une conférence de presse.
Début juin, le photojournaliste avait déclaré qu’il se sentait menacé par le gouverneur de l'État de Veracruz, Javier Duarte, membre du parti révolutionnaire institutionnel (PRI) du président Enrique Pena Nieto.
Ruben Espinosa était spécialisé dans les mouvements sociaux à Veracruz, qui sont souvent critiques envers le PRI en général et envers Javier Duarte en particulier.
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Ce photographe était d'ailleurs venu se réfugier dans la capitale après avoir été agressé à plusieurs reprises, notamment en 2013 lorsqu'il avait été frappé par la police lors d'une manifestation à Veracruz. Il n'avait pourtant pas hésité à s'en prendre encore récemment aux autorités de l'État de Veracruz, les accusant d'entraver la liberté d'expression et d'acheter certains journalistes pour faire taire les critiques.
En février 2014, Ruben Espinosa avait fait une photo de Duarte pour un numéro de "Proceso" accompagné du titre "Veracruz, État sans foi ni loi".
Dans un bref communiqué publié dimanche, le gouverneur a dit "déplorer" ces décès et apporter son soutien à l'enquête.
Manifestations dans tout le Mexique
Cette affaire a déclenché plusieurs rassemblements dimanche. Environ 2 000 personnes ont manifesté dans la capitale aux cris de "Justice, Justice", brandissant des portraits de Ruben Espinosa et accusant les autorités d'être responsables de ces crimes. Certaines pancartes appelaient à la démission du gouverneur Duarte.
À Xalapa, Guadalajara, Chilpancingo, Acapulco, Oaxaca et Cancún, des rassemblements ont également été organisés, auxquels participaient des photographes de presse, appareil photo dans une main, portrait d'Espinosa dans l'autre.
Selon les membres de la famille du photographe interrogés par les enquêteurs, Espinosa habitait la capitale depuis deux mois dans le but d'y travailler après huit ans passés à Veracruz, a déclaré le procureur de Mexico.
Veracruz est l'un des États du Mexique les plus dangereux pour la presse avec 17 assassinats depuis 2000, selon l'association de défense des droits de l'Homme Article 19, basée à Londres. D'après le Comité pour la protection des journalistes, basé aux États-Unis, 11 ont été tués depuis 2010 sous le gouvernorat de Duarte.
Avec Reuters et AFP