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Dopage : scandale en vue après des centaines de tests sanguins "anormaux" sur des athlètes

La planète athlétisme risque d'être prise dans la tourmente d'une nouvelle affaire de dopage après les révélations de plusieurs médias sur les tests sanguins suspects de plusieurs centaines d'athlètes.

À un mois des Mondiaux de Pékin, un nouveau scandale de dopage menace le monde de l’athlétisme après les révélations de plusieurs médias britanniques et allemands. Des journalistes affirment en effet avoir eu accès aux résultats de 12 359 tests sanguins effectués sur plus de 5 000 athlètes sur une durée de 11 ans.

Comme le rapporte la BBC qui dit aussi avoir étudié ces documents, ces analyses montrent que plus de 800 athlètes ont donné des échantillons sanguins qui étaient ou "anormaux" ou "suggéraient grandement" le dopage.

Des tests sanguins anormaux ne sont pas en eux-mêmes une preuve de dopage, mais la publication de ces données risque d'embarrasser une nouvelle fois l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF). "Nous devons attendre la transcription de tout cela avant de faire des commentaires", a ainsi réagi dimanche le secrétaire général de l'IAAF, Essar Gabriel.

La BBC avance toutefois qu’un tiers des médailles gagnées dans les épreuves d'endurance aux Jeux olympiques et aux championnats du monde entre 2001 et 2012 ont été remportés par des athlètes dont les tests étaient "suspects".

Un documentaire sur le dopage dans l’athlétisme diffusé samedi sur la chaîne allemande ARD pointe également du doigt la Russie et le Kenya. Après avoir déjà visé l'athlétisme russe lors d'une précédente enquête en décembre, les journalistes allemands soutiennent que, "malgré les assurances des fonctionnaires russes" en faveur d'un sport propre, "les sportifs dopés et les instigateurs sont toujours protégés".

Une nouvelle enquête de l'Ama

Le reportage fait notamment état de suspicions à l'encontre de la Russe Mariya Savinova, championne olympique du 800 m à Londres en 2012. Dans un enregistrement sonore qui lui est attribué, la sportive reconnaît la prise d'hormones de croissance. L'équipe de journalistes s'est aussi rendue au Kenya où, en caméra cachée, ils ont filmé des injections de produits dopants "dangereux".

Face à ces révélations, l'Agence mondiale antidopage (Ama) a de son côté rapidement réagi. "L'Ama est très préoccupée par ces nouvelles accusations soulevées par l'ARD qui va, une nouvelle fois, porter atteinte aux athlètes intègres dans le monde", a déclaré dans un communiqué le président de l'agence, Craig Reedie.

"[Ces informations] vont immédiatement faire l'objet d'un examen de la part de la commission indépendante de l'Ama qui enquêtera plus en détails", a-t-il ajouté. L'organisation a mis sur pied il y a quelques mois une commission chargée d'enquêter sur les précédentes révélations qui avaient entaché en décembre dernier le monde de l'athlétisme.

Russie et Kenya rejettent en bloc ces accusations

Au lendemain de la diffusion du documentaire sur l'ARD, le ministre russe des Sports, Vitaly Mutko, a quant à lui rejeté les accusations de dopage visant les athlètes russes. "Il semblerait que quelqu'un cherche à ruiner l'athlétisme en diffusant de tels films, a déclaré le ministre, cité par l'agence Itar-Tass. Dans tous les cas, c'est un non sens de baser des accusations à partir de ce documentaire."

Vitaly Mutko considère que l'approche de l'élection du nouveau président de la Fédération internationale n'est pas étrangère à la diffusion du documentaire de l'ARD. "L'élection aura lieu en août et la lutte pour le pouvoir bat son plein. On ne peut pas céder à la panique mais continuer de travailler normalement. Actuellement personne ne dirige vraiment l'IAAF. Ça ressemble plutôt à un gros bazar", a-t-il expliqué.

Même déni côté kényan. La Fédération kényane a ainsi affirmé avoir "suivi le documentaire d'ARD avec de graves préoccupations" parce qu'il "fait de sérieuses allégations sur l'intégrité de nos leaders passés et présents [...] sans leur donner l'occasion d'apporter des réponses". "C'est extrêmement suspect et malintentionné", ajoute le communiqué.

Avec AFP et Reuters