Grosse journée pour les marins de MyFerryLink (SeaFrance). Ils protestaient contre les dernières propositions du gouvernement lorsque le tribunal de commerce a prononcé la mise en liquidation judiciaire de leur coopérative.
Les pneus étaient déjà en feu pour bloquer l’accès au port de Calais, quand les marins de SeaFrance qui les avaient posés là ont appris que leur coopérative était liquidée. Tristesse, sans doute. Soulagement, peut-être. La liquidation judiciaire prononcée vendredi 31 juillet par le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer rend en effet possible le versement des salaires du mois de juillet pour les 487 salariés. "La Scop SeaFrance n'existe plus", conclut laconiquement la décision du tribunal.
Mais si les près de 300 marins étaient rassemblés vendredi, ce n’était pas pour attendre le jugement mais bien pour faire part de leur mécontentement face aux mesures proposées par le gouvernement pour sauvegarder leur compagnie. Après avoir bloqué les bretelles d'accès au port de Calais, ils ont formé un cortège d'une cinquantaine de véhicules pour une opération escargot sur l'A16 en direction de Loon-Plage, près du port voisin de Dunkerque. C’est là que la compagnie danoise concurrente DFDS a installé une partie de son activité.
Cette manifestation était "la goutte d'eau qui fait déborder le vase" pour le président du port de Calais Jean-Marc Puissesseau. Sur le mois écoulé, le port a enregistré une baisse de 30 % du trafic camion transmanche, de 36 % pour les voitures et de 20 % pour les autocars, selon la Société d'exploitation des ports du Détroit. Une perte de 7 millions d'euros depuis le début du mouvement.
La question du reclassement des salariés
Jugeant que la liquidation "est une bonne chose pour les salariés [qui] vont toucher leur salaire", le secrétaire général du syndicat maritime Nord prévient : "L'État doit maintenant nous aider de façon concrète. On promet une activité très perturbée le temps que l'on soit entendus". Une nouvelle assemblée générale des marins doit avoir lieu mardi ou mercredi.
Le gouvernement avait soumis la semaine dernière un texte prévoyant notamment la liquidation de la Scop SeaFrance, la création d'une nouvelle Scop exploitant un seul navire et la reprise au total de 380 salariés sur 487. Il a fixé pour objectif "d'obtenir dans un délai de trois mois une solution pour chaque salarié".
Placée en redressement judiciaire le 11 juin, la Scop SeaFrance, coopérative qui opère les navires de la compagnie transmanche MyFerryLink depuis août 2012, est au centre d'un conflit qui dure depuis plusieurs mois entre ses marins, le propriétaire de ses trois navires, Eurotunnel, et son concurrent danois DFDS.
Eurotunnel, propriétaire des trois navires affrétés jusqu'à juin dernier à MyFerryLink, "a réitéré son engagement d'une offre d'affrètement" d'un de ces bateaux, qui "sera formalisée par écrit dans les prochains jours", selon le secrétaire d'État chargé des Transports Alain Vidalies.
Avec AFP