
En Centrafrique, la justice redémarre doucement. Dans la capitale Bangui, l'essentiel des services judiciaires sont fonctionnels. Mais en province, où l'insécurité persiste, les fonctionnaires ne peuvent toujours pas reprendre le travail.
Au Tribunal de grande instance de Bangui, les magistrats, les greffiers et les secrétaires ont repris du service. Plus d'un an après l'arrivée des instances de transition en Centrafrique, qui mit fin à deux ans de guerre civile, les salles d’audience sont pleines, une multitude de personnes défilent à la barre à un rythme soutenu afin de rattraper les mois d’inactivité forcée.
À Mbaïki, à 100 kilomètres de Bangui, la justice est, elle, au point mort. Les fonctionnaires n’ont ni locaux ni fournitures pour travailler. L’unique greffière, qui tape les comptes-rendus sur une machine à écrire, n’a pas été payée depuis des années. Le président du tribunal, Jean-Baptiste Yamalet Mapouka, doit quant à lui se rendre régulièrement à la maison d’arrêt qui tombe en ruines pour s’occuper de la cinquantaine de détenus.
"Cette maison d’arrêt est une prison à ciel ouvert. Quand il pleut, c’est à l’intérieur même que se déversent les eaux, déplore-t-il. Et l’État n’est pas en mesure de donner à manger quotidiennement, sinon hebdomadairement, aux prisonniers. Et s’ils tombent malades, c’est sur mes revenus que je les emmène à l’hôpital." Selon un gardien, certains détenus se sont enfuis parce qu’ils avaient faim…