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Le jury du 62e Festival de Cannes a décerné la Palme d’or à Michael Haneke pour son film "Le Ruban blanc". Déjà récompensé par deux fois à Cannes, le réalisateur autrichien reçoit la Palme d'or pour la première fois.

AFP - L'Autrichien Michael Haneke a remporté dimanche soir la Palme d'or du 62e Festival de Cannes avec le fort et dérangeant "Le ruban blanc" sur les méfaits d'une éducation ultra-répressive, tandis que les Français Jacques Audiard, Charlotte Gainsbourg et Alain Resnais étaient primés.

"Parfois ma femme me pose une question très féminine: +est-ce que tu es heureux?+. C'est très difficile de répondre. Mais aujourd'hui, c'est un moment dans ma vie où je peux dire je suis très heureux, et toi aussi je pense", a lancé Haneke en s'adressant à son épouse, dans la salle.

Il a reçu la Palme des mains d'Isabelle Huppert la présidente du jury, actrice sacrée à Cannes en 2001 avec un autre film de Haneke, "La pianiste".

Film à l'extraordinaire photographie en noir et blanc, "Le ruban blanc" dissèque les méfaits de l'éducation ultra-répressive en vogue en Europe au début du XXe siècle, et suit une petite communauté rurale de l'Allemagne.

Il décortique de manière saisissante une "pédagogie noire" basée sur la torture morale et l'humiliation, dont les femmes et les enfants sont les principales victimes.

Après la première Palme en 21 ans remportée en 2008 par "Entre les murs" de Laurent Cantet, le cinéma français avait de quoi sabler le champagne.

En effet le Grand prix du jury est revenu à Jacques Audiard pour "Un prophète", un puissant film noir sur l'univers carcéral.

"Je suis très heureux. Comme le dit Meryl Streep à Robert Redford dans +Out of Africa+, faites attention parce qu'à partir de maintenant, je vais croire tout que vous allez dire !", a lancé le fils du scénariste Michel Audiard.

Le jury a aussi attribué un Prix spécial au vétéran de la Nouvelle vague Alain Resnais, 87 ans début juin, un demi-siècle après le choc provoqué par "Hiroshima mon amour" sur la Croisette.

"Je l'accueille avec d'autant plus de bonheur que mon expérience dans le cambouis remonte à un certain nombre de jours et d'années", a lancé Resnais, chemise rouge et lunettes noires, pendant une ovation debout de la salle.

Enfin l'actrice Charlotte Gainsbourg, 37 ans, impressionnante en mère en deuil gagnée par la folie dans le dérangeant "Antichrist" du Danois Lars von Trier, a remporté le prix d'interprétation.

Très émue, elle a affirmé d'une voix blanche être "très honorée et très heureuse", avant de rendre hommage à son réalisateur qui lui "a permis de vivre l'expérience la plus intense, la plus douloureuse et la plus excitante" jusqu'à présent.

S'adressant à son père disparu, le chanteur Serge Gainsbourg, elle a lâché: "J'espère qu'il est fier de moi, fier et très choqué".

L'Autrichien Christoph Waltz, 52 ans, a triomphé en officier SS suave et cruel dans "Inglourious basterds", un film de guerre mâtiné de western signé par l'Américain Quentin Tarantino.

Le prix du jury est revenu ex-aequo à la Britannique Andrea Arnold pour "Fish Tank", beau portrait d'une adolescente rebelle et au Coréen Park Chan-wook avec "Thirst, ceci est mon sang" un conte cruel et baroque marqué par une virtosité formelle, un humour grinçant et un univers sombre.

Reparti bredouille l'an dernier avec "Serbis", le Philippin Brillante Mendoza a remporté le Prix de la mise grâce à sa sixième fiction, "Kinatay" basée sur un fait divers, qui dénonce la violence des gangs.

Censuré dans son pays, le Chinois Lou Ye a vu son film "Nuits d'ivresse printanière" primé pour son scénario.

La Caméra d'or du meilleur premier film est revenu à "Samson et Delilah" de l'Australien Warwick Thornton.