
Dans l'affaire dite "des sondages de l'Élysée", remontant à 2007, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson, a été mis en examen mercredi pour recel de favoritisme, détournement de fonds publics et abus de biens sociaux.
Nouveaux démêlés avec la justice pour Patrick Buisson. Déjà condamné dans l’affaire des enregistrements clandestins de l'Élysée, l’ex-conseiller de Nicolas Sarkozy a été mis en examen, mercredi 29 juillet, dans l'enquête sur les sondages de l'Élysée. Ces sondages avaient été épinglés par la Cour des comptes lors du dernier quinquennat.
Soupçonné de recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics par un particulier, Patrick Buisson s'est rendu "au pôle financier pour être entendu chez le juge", a déclaré son avocat Gilles-William Goldnadel. "L'audition de mon client a été très rapide, il s'exprimera plus tard sur le fond du dossier, mais il reste parfaitement serein", a-t-il assuré.
Un autre ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Pierre Giacometti a également entendu par la police mercredi puis placé en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE), selon une source proche de l'enquête. Sollicité par l'AFP, son avocat, Patrick Maisonneuve, n'a pas souhaité faire de commentaires à ce stade.
L'instruction, menée par un juge financier, porte sur la régularité des contrats conclus sous le quinquennat Sarkozy entre l'Élysée et neuf instituts de sondage, notamment la société Publifact de Patrick Buisson ainsi que celle de Pierre Giacometti, Giacometti-Peron.
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La polémique avait débuté en 2009, après la publication d'un rapport de la Cour des comptes qui épinglait sévèrement une convention signée le 1er juin 2007 entre l'Elysée et le cabinet de Patrick Buisson "pour un coût avoisinant 1,5 million d'euros".
Une information judiciaire a été ouverte pour favoritisme et détournement de fonds publics à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile de l'association Anticor, qui lutte contre la corruption. Cette dernière estime qu'une bonne partie des sondages commandés par la société de Patrick Buisson Publifact, entre 2007 et 2009, et réalisés après appels d’offres, sur la période 2010-2012, n'avaient pas d'intérêt public lié à la fonction présidentielle.
Selon la plainte d'Anticor, certains sondages portaient en effet sur la perception par les Français de la liaison entre Nicolas Sarkozy et Carla Bruni ou encore sur des adversaires potentiels du président, comme Marine Le Pen et Dominique Strauss-Kahn.
Les investigations ont ensuite été étendues à l'ensemble des contrats de conseil ou sondages commandés durant le quinquennat Sarkozy, chiffrés à plus de neuf millions d'euros dans une plainte ultérieure d'Anticor.
Six anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy, dont Claude Guéant et Xavier Musca qui s'étaient succédé au poste de secrétaire général de la présidence de la République, ainsi qu'Emmanuelle Mignon, l'ancienne directrice de cabinet, avaient été entendus début juin. À l'issue de leurs interrogatoires, ils avaient été relâchés sans être déférés devant le magistrat instructeur.
Dans cette affaire, Nicolas Sarkozy est quant à lui protégé par son immunité présidentielle puisqu'il était en poste à l'Élysée.
Avec AFP et Reuters