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Tour de France 2015 : Froome, mal-aimé, mais double vainqueur

Au terme d'une édition 2015 marquée par le doute autour de ses performances, Christopher Froome remporte son deuxième Tour de France. Mal aimé, le Britannique affirme être un grand travailleur et un passionné de vélo depuis son enfance au Kenya.

Pour la deuxième fois de sa carrière, Christopher Froome monte sur la plus haute marche du podium du Tour de France. Après un premier succès en 2013, le coureur britannique d’origine kényane remporte l’édition 2015 de la Grande Boucle sur les Champs-Élysées avec 1'12" d’avance sur son dauphin, le Colombien Nairo Quintana, meilleur jeune de ce Tour. L'Espagnol Alejandro Valverde, de chez Movistar - meilleure équipe - complète le podium. Le Slovaque Peter Sagan a remporté le classement par points et le classement de la montagne revient à ...Chris Froome, encore lui.

Le leader de la Team Sky n’a pas quitté le maillot jaune depuis la 7e étape. Mais le "Kényan blanc" a surtout anéanti toutes les prétentions de ses adversaires dans les Pyrénées au cours de la 10e étape, la première en montagne, entre Tarbes et le sommet du col du Soudet. Dans la montée finale, telle une fusée, il a réalisé une ascension fulgurante, distançant de plus d'une minute Nairo Quintana.

Une performance qui n’a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations. Déjà en 2013, son incroyable aisance lors de sa victoire sur le Mont-Ventoux, l’une des ascensions les plus difficiles, régulièrement au programme de la Grande Boucle, avait étonné beaucoup d’observateurs. "Comme en 2013, le ‘malaise’ Froome se cristallise autour de sa facilité à désosser ses rivaux avec, de surcroît, une maigreur effrayante et un des styles de pédalage les moins orthodoxes, pour ne pas dire des plus moches", résume ainsi le journal "L’Équipe".

Le reportage de Stade 2 sur les performances de Froome


VIDEO - Les performances de Froome analysées... par francetvsport

Jet d’urine et polémique

Dans les médias, le spectre des années Armstrong a refait surface au cours des dernières semaines et le mot "dopage" a été lâché à de multiples reprises. De nombreux experts se sont même penchés sur la question à coup de calcul de watts pour essayer de déterminer si l’effort fourni par Christopher Froome dans le col du Soudet n’était pas anormal. D’autres ont fait courir le bruit que l’équipe Sky utilisait des vélos à moteur. Des soupçons qui n’ont pas permis au double vainqueur du Tour de France d’améliorer son image vis-à-vis du public de la Grande Boucle. Il s’est même plaint d’avoir été visé par un spectateur qui lui a jeté de l’urine et qui l’a traité de dopé.

Interrogé jour après jour sur ces suspicions de dopage, le coureur de Team Sky s’est montré particulièrement agacé. "Que ces gens viennent voir comment je vis ma vie et comment je m’entraîne neuf mois par an, de 6 heures du matin jusqu’à 22 heures le soir parfois. Après ça, qu'ils viennent me dire que je ne suis pas clean", s’est-il justifié auprès des journalistes. "Je comprends ces gens, c’est légitime compte tenu de l’histoire et du passé. Bien sûr que cette question plane, mais on arrive à un niveau où elle manque parfois de respect à tout ce que j’ai fait. Je veux que les gens réfléchissent à deux fois avant d’accuser".

Pour expliquer son écrasante domination sur un Tour particulièrement caniculaire, le champion préfère ainsi mettre en avant son travail de stakhanoviste et ses origines kényanes. "Certains se sentent mieux dans le froid et d’autres en pleine chaleur, a-t-il déclaré. Moi, je préfère les grosses températures". Christopher Froome a en effet donné ses premiers coups de pédale dans le bush près de Nairobi. C’est dans cette ville qu’il est né, il y a trente ans, d’un père organisateur de safaris et d’une mère physiothérapeute. Une enfance en pleine nature durant laquelle le jeune Froome parcourt la vallée du rift avec son VTT : "Pour nous, rouler avec des éléphants, des lions, des hippopotames, ça faisait partie du truc".

Le passionné de vélo apprend alors les rudiments du cyclisme avec David Kinjah, le tout premier coureur africain à avoir signé avec une équipe professionnelle européenne. Mais à 15 ans, Christopher doit quitter le Kenya pour aller vivre avec son père en Afrique du Sud, après le divorce de ses parents. Il ne lâche pas pour autant sa passion et s’investit de plus en plus dans le cyclisme. En 2006, il remporte sa première course à l’occasion du Tour de Maurice et devient professionnel l’année suivante au sein de l’équipe sud-africaine Konica-Minolta.

"Le coureur dominateur n’a jamais été aimé"

Mais c’est son passage dans la Team Sky, qui le propulse vraiment sur le devant de la scène. Après avoir réussi à se remettre d’une infection parasitaire, la bilharziose, il crée la sensation dans le Tour d’Espagne 2011 où il prend la place de deuxième. L’année suivante, il se fait aussi remarquer sur la Grande Boucle. Dans l’étape de La Toussuire, Christopher Froome passe à l'attaque et distance son leader de la Team Sky, Bradley Wiggins, futur vainqueur du Tour 2012, pour s’envoler seul vers la victoire. Il finit toutefois par l’attendre après avoir reçu des ordres dans son oreillette. L’équipier s’exécute, attend son leader et laisse s’échapper ses rêves de maillot jaune. Il lui faudra patienter jusqu’à l’année suivante pour enfin terminer à la première place.

Avec ce deuxième Tour de France en poche, le "Kényan blanc" rentre un peu plus dans la cour des grands, sans toutefois réussir à gagner le cœur des amateurs de la petite reine. Pour le directeur du Tour, Christian Prudhomme, cela n’aurait finalement rien à voir avec les soupçons de dopage ni avec un sentiment antibritannique. Pour lui, les Français n’aiment tout simplement pas les vainqueurs. "Le coureur dominateur n’a jamais été aimé", résumait-il à "Ouest France". "C’était vrai avec Jacques Anquetil, c’était vrai avec Eddy Merckx, ça se produit là encore".