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Kepler-452b, une “cousine” de la terre si proche et pourtant trop loin

L’exoplanète Kepler-452b a été promue au rang de "Terre 2.0" depuis sa découverte par la Nasa jeudi. Elle est peut-être habitable, mais l’homme ne le saura probablement pas avant très longtemps, voire jamais.

Cousine”, “jumelle” ou encore “Terre 2.0” : la planète Kepler-452b, découverte par la Nasa jeudi 23 juillet, a suscité l’enthousiasme du grand public et des médias. Elle est l’exoplanète (hors de notre système solaire) qui présente les caractéristiques les plus proches de la Terre à ce jour. Cette trouvaille a donné un coup de fouet à ce vieux rêve de l’homme : mettre la main (et un jour les deux pieds) sur une autre planète habitable.

Trois similitudes importantes font de Kepler-452b la meilleure candidate à ce jour au titre de nouvelle Terre : un diamètre similaire, une distance par rapport à son étoile comparable à celle qui nous sépare du Soleil et une étoile qui appartient à la même famille que le Soleil (de type “G2” en jargon scientifique). Mais le départ pour cette lointaine apparente parente n’est pas pour demain.

Un trajet un peu long

Il y a d’abord l’obstacle des 1 400 années-lumière entre la Terre et cet astre perdu au fin fond de la voie lactée,dans la constellation du Cygne. “Il faudrait compter plus d’un million d’années pour rejoindre Kepler-452b avec les fusées les plus puissantes actuellement”, souligne à France 24 François Forget, planétologue et directeur de recherches au CNRS.

Les progrès technologiques à venir devraient permettre d’améliorer les temps de trajet. “Lorsqu’on sera capable de propulser un vaisseau à la moitié de la vitesse de la lumière, le voyage ne durera plus qu’environ 3 000 ans, et 1 400 ans en allant à la vitesse de la lumière”, précise ce spécialiste. Le grand saut vers Kepler-452b n’est technologiquement envisageable que si la science trouvait, un jour, le moyen d’aller plus vite que la lumière… ce qu'Albert Einstein considérait comme impossible pour l’homme.

La distance pose un autre problème : impossible dans un futur proche de savoir à quel point Kepler-452b est habitable. “C’est une exoplanète trop éloignée pour rentrer dans le cadre des études qui permettraient d’en savoir plus”, remarque François Forget. Les scientifiques sont uniquement sûrs à 100 % qu’elle se trouve dans une “zone habitable” : elle n’est ni trop loin de son soleil pour que l’eau qui s’y trouverait soit gelée, ni trop près pour qu’elle se soit évaporée.

Miroir de ce qui attend la Terre ?

Pour le reste, les différences entre la Terre et cette planète peuvent radicalement changer la donne... et il va être difficile de les vérifier. Des détails comme la luminosité de l’étoile (20 % de plus que notre soleil) et son âge (1,5 milliards d’années de plus que notre soleil) peuvent l’avoir alterée, souligne le scientifique du CNRS. Des rayons plus forts qui auraient atteint cette exoplanète pendant plus longtemps auraient pu finir par la transformer en “planète sauna” à cause d’un “effet de serre galopant”, explique François Forget.

En ce sens, Kepler-452b “peut tout aussi bien avoir été habitable et ne plus l’être actuellement”, ajoute-t-il. Cette exoplanète serait alors davantage le miroir de ce qui “attend notre planète dans un milliard d’années plutôt qu’être la cousine de la Terre d’aujourd’hui”.

Kepler-452b ne sera probablement pas la première colonie humaine spatiale. Mais sa découverte n’en demeure pas moins importante. Si la Nasa a pu découvrir grâce au télescope Kepler - spécialisé dans les étoiles les plus lointaines - une “cousine” de la Terre, “il y a des chances pour qu’il y en ait d’autres plus près”, veut croire François Forget. L’ESA (Agence spatiale européenne) et la Nasa travaillent, chacun de leur côté, sur des satellites qui doivent être mis en orbite à partir de 2017 et dont le but est de chercher de planètes habitables dans un plus proche voisinage de notre système solaire.

Tags: Espace, Nasa,