La Fédération de football du Laos a décidé d'ouvrir une enquête concernant un possible trafic de joueurs africains mineurs dans le pays. Ils auraient été contraints de signer des contrats dérisoires et de vivre dans des conditions déplorables.
Une enquête a été ouverte au Laos par la Fédération de football du pays sur un possible trafic de joueurs africains mineurs. Ces derniers auraient été forcés d'accepter des contrats avec le club local de Champasak United sans rémunération adéquate, avec des conditions d’accueil misérables.
"Nous avons envoyé des représentants sur place pour mener une enquête approfondie, notamment des entretiens avec les joueurs", a ainsi expliqué à l’AFP le secrétaire général de la Fédération, Xaybandith Rasphone.
Cette enquête a été lancée après des révélations de la BBC. La chaîne britannique a rencontré des adolescents africains qui ont intégré l’école de football de Champasak United et qui lui ont décrit leur quotidien particulièrement difficile dans ce club. L’un d’entre eux parle même "de travail d’esclave".
Après avoir été envoyés au Laos, ces jeunes venus d’Afrique de l’Ouest (du Liberia, du Ghana ou de Sierra Leone), ont dû signer des contrats pour pouvoir jouer avec l’équipe première de Champasak. Selon cet accord, ils devaient bénéficier d’un salaire et d’un logement, mais ils ont finalement vécu à "30 personnes dans une seule pièce" avec des matelas à même le sol. "C'est difficile de vivre dans un lieu sans fenêtre. Cela empêche de dormir, car on n’arrête pas de penser à notre vie", a raconté Kessely Kamara, un jeune Libérien de 14 ans.
"La partie émergée de l'iceberg"
Depuis la découverte de cette affaire par la Fifa, 17 adolescents ont décidé de quitter ce club, mais six y séjournent toujours. Interrogés par l’AFP, les dirigeants de Champasak United se défendent d’avoir fait miroiter à ces jeunes joueurs de bons salaires. "Le club avait pour but d’aider des Africains. Nous avons lancé ce programme pour leur permettre de venir étudier dans notre académie avec un entraîneur international", s’est justifié Ponsawan Siwawong, un responsable de l’équipe, tout en ajoutant que les jeunes avaient bien entre "17 et 20 ans", qu’ils étaient nourris et logés et recevaient 100 dollars par mois.
Selon la BBC, ce club aurait profité de ces footballeurs en herbe "pour pouvoir les revendre dans le futur". Les joueurs africains sont en effet nombreux en Asie du Sud-Est où les équipes les recrutent pour élever leur niveau.
Dans un communiqué, la Fédération Internationale des Associations de Footballeurs Professionnels a estimé que cette affaire n’était "sûrement que la partie émergée de l’iceberg". Culture Foot solidaire, une ONG citée par la BBC, estime en effet que 15 000 footballeurs mineurs d’Afrique de l’Ouest quittent la région chaque année, la plupart de façon illégale.
Avec AFP