
Le coût de la pollution de l’air en France s'élève à 100 milliards d'euros par an, estime un rapport parlementaire. Une "aberration économique" que la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, promet de combattre avec des "mesures extrêmement fermes".
Quelque 100 milliards d’euros par an. Tel est, en France, le coût de la pollution de l’air, selon un rapport rendu public, mercredi 15 juillet, par une commission d'enquête du Sénat. Une "aberration économique" que cette dernière propose de combattre, notamment, en augmentant la fiscalité du diesel et en taxant les émissions de polluants.
D’après le document, le coût sanitaire global (traitement des maladies, mortalité prématurée, absentéisme, etc.) représente ainsi "entre 68 et 97 milliards d'euros", dont 3 milliards pour le seul impact sur la Sécurité sociale, tandis que le coût non sanitaire (baisse des rendements agricoles, dégradation des bâtiments, dépenses de prévention, etc.) atteint 4,3 milliards d'euros.
Mais ces chiffres sont des "montants a minima" dans la mesure où les rapports retenus par ses membres portent "sur un nombre de polluants extrêmement limités", a souligné à la presse la rapporteur de la commission, Leïla Aïchi (Europe-Écologie-Les Verts). Car si l'air est globalement "moins pollué", la pollution "a changé de nature" : moins localisée au niveau des sites industriels et plus diffuse, via les transports, le chauffage, l'agriculture et l'air intérieur, constate le rapport parlementaire.
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Régissant à la publication du document, la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal, a promis d'annoncer "la semaine prochaine" des "mesures extrêmement fermes" de lutte contre la pollution de l'air. "Pour faire face à ce problème de santé publique et ce grave problème économique, il faut maintenant agir, agir vite et prendre des décisions qui soient à hauteur du problème", a-t-elle déclaré mercredi au sortir du Conseil des ministres.
"Il n'y aura plus d'excuses pour ne pas agir", a-t-elle souligné. "Plus personne ne pourra dire 'on ne sait pas', plus personne ne pourra dire 'ce n'est pas le moment', plus personne ne pourra dire 'on verra plus tard', il faut que des décisions soient prises".
Unanimité entre les partis
"La lutte contre la pollution de l'air apporterait un gain de 11 milliards d'euros" à l'État, a également indiqué Leïla Aïchi. Outre des efforts sur la connaissance du phénomène, la commission préconise donc de s'attaquer aux sources principales de la pollution de l'air, transports en tête. Ce secteur représente en effet 59 % des émissions d'oxydes d'azote et entre 16 et 19 % des émissions de particules fines.
Les sénateurs plaident également en faveur "d'une véritable fiscalité écologique", comme la mise en place d'une taxe sur les émissions d'azote, d'oxyde d'azote et de particules fines, ou l'alignement progressif jusqu'en 2020 de la fiscalité de l'essence et du diesel. Ils avancent aussi des propositions dans le domaine de l'agriculture (étudier spécifiquement les causes de la surmortalité des agriculteurs, mieux contrôler les dispersions de polluants), de l'industrie ou sur les modes de chauffage.
Les propositions de la commission, présidée par Jean-François Husson (Les Républicains), ont été adoptées à l'unanimité. Il ne s'agit pas de prôner une "écologie punitive", mais de faire preuve de "vérité, réalisme, franchise et courage", a-t-il assuré. "Nous avons toujours cherché ce qui pouvait nous rapprocher sur un sujet sensible, sur un sujet difficile, mais d'une grande importance."
Face aux critiques de certains acteurs économiques sur l'impact négatif de ces mesures sur l'économie et l'emploi, Leïla Aïchi répond que "compte tenu des coûts" en jeu, "considérer l'environnement, la santé, comme des variables d'ajustement économique [...] ne semble pas pertinent".
Avec AFP et Reuters