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Alors que la Grèce était réticente à associer le FMI à l’accord conclu lundi 13 juillet, l’institution internationale vient de lui apporter son soutien en appelant à réduire massivement sa dette. L’Allemagne s’y était opposée.

Pour la Grèce, c’est un peu comme si un vieil ami à qui elle avait refusé de rembourser une dette venait tout de même à sa rescousse. Le Fonds monétaire international (FMI), vis-à-vis de qui Athènes s’est trouvé en défaut de paiement le 30 juin à minuit, a envoyé lundi soir une mise à jour de son analyse de la dette grecque aux États-membres de la zone euro. Il estime que l’allègement du poids de la dette prévu pour l’instant est insuffisant.

>> À voir sur France 24 : "Le FMI demande une restructuration ambitieuse de la dette grecque", dans le Journal de l'économie

L’accord conclu lundi 13 juillet ouvre la voie à des négociations en vue d'un troisième plan de sauvetage de 82 à 86 milliards d’euros. Mais pour l’institution dirigée par Christine Lagarde, "la détérioration spectaculaire de la viabilité de la dette souligne la nécessité d'un allègement d'une ampleur bien supérieure à ce qui est envisagé à ce jour et à ce qui a été proposé par le MES [mécanisme européen de stabilité]".

Trois solutions

Le FMI propose donc trois options aux Européens. La première consisterait à étendre de dix à trente ans le "délai de grâce" pendant lequel la Grèce n'aurait pas à rembourser sa dette aux Européens. La seconde, plus vague, résiderait dans des "transferts annuels" de fonds qui iraient directement alimenter le budget de la Grèce. La troisième est sans aucun doute la plus controversée : il s'agirait d'un "effacement de dette" pur et simple dont la majorité des Européens, conduits par Berlin, ne veulent pas entendre parler. Le ministre français de l’Économie et des Finances, Michel Sapin, a affirmé mercredi matin être sur la même ligne que le FMI sur la nécessité d’un allègement de la dette.

La chancelière allemande Angela Merkel se trouve donc dans une position inconfortable. Elle a exigé que la Grèce s’engage à solliciter de nouveau l’aide du FMI au terme de l’actuelle tranche d’aide, en mars 2016. Mais voilà que l’institution financière ne l’entend pas de cette oreille.

Pour elle, la dette grecque est "totalement non-viable" et devrait approcher les 200 % de son produit intérieur brut dans les deux prochaines années, contre un ratio d'environ 175 % actuellement. Or, aux termes de ses règles internes, le Fonds ne peut accorder des prêts à un pays que si sa dette est considérée "viable, avec une très forte probabilité". Il avait contourné ces règles pour renflouer la Grèce en 2010 et en 2012 et semble décidé à ne pas rééditer l'expérience.

Un membre du FMI ayant requis l’anonymat a déclaré qu'un allègement massif de la dette serait, selon lui, une condition de la participation du FMI au nouveau plan de sauvetage. "Je ne crois pas qu'il s'agisse d'un détail ou qu'on cherche à se débarrasser du problème. C'est une mesure dramatique que de reprofiler toute la dette détenue en Europe" pour donner à la Grèce une chance de "retrouver de la croissance". Ce soutien inattendu doit ravir le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Avec AFP et Reuters