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Burkina Faso : un soldat français mis en examen pour pédophilie

Un soldat français des forces spéciales, soupçonné d'attouchements sexuels sur deux fillettes au Burkina Faso, a été mis en examen par la justice française. Il participait à l'opération antiterroriste Barkhane, lancée en août 2014 au Sahel.

La justice française a mis en examen vendredi 3 juillet le soldat français des forces spéciales soupçonné d'attouchements sexuels sur deux fillettes à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Le militaire est également soupçonné d'avoir filmé la scène.

Le parquet de Paris avait requis le placement en détention provisoire de cet homme de 38 ans mais un magistrat spécialisé a décidé de sa remise en liberté.

Un second militaire, âgé de 36 ans, avait été arrêté et ramené en France pour être placé en garde à vue jeudi matin. Il a également été remis en liberté sans qu'aucune charge ne soit retenue à son encontre à ce stade. Les deux soldats étaient au Burkina Faso pour participer à l'opération antiterroriste Barkhane, lancée en août 2014 au Sahel et conduite par l'armée française.

Les faits présumés ont eu lieu dimanche dans la piscine d'un hôtel de Ouagadougou, dans un contexte "très alcoolisé", selon une source proche du dossier. Les victimes sont deux fillettes franco-burkinabè de trois et cinq ans.

Selon les premiers éléments de l'enquête, la mère de la fillette de trois ans serait allée se baigner dans cette piscine, où elle aurait lié conversation avec les deux soldats avant de les convier à son domicile pour boire un verre.

Selon une source proche du dossier, l'un des deux hommes y a oublié sa caméra portative. La mère a alors visionné les images, des scènes filmées sous l'eau, et vu des attouchements auxquels l'un des soldats est soupçonné de s'être livré sur les fillettes. Elle s'est alors rendue à l'ambassade de France pour dénoncer les faits.

"Fait divers grave"

"Je vais tout mettre en œuvre pour que le deuxième soit inculpé [mis en examen, NDLR] parce que c'est une complicité. Il était au courant de ce que faisait son camarade", a déclaré à l'AFP le père de la fillette de 5 ans, Ben Idriss Ouédraogo.

Les deux soldats ont été suspendus dès mardi par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Interrogés mercredi par des gendarmes français et burkinabè à Ouagadougou, ils avaient été rapatriés dans la nuit et placés en garde à vue à leur arrivée à Paris, jeudi matin.

Deux mois après les révélations sur des accusations d'abus sexuels d'enfants contre des militaires français en Centrafrique, la réaction de Paris a été instantanée et les faits immédiatement signalés aux autorités burkinabè, qui ont accepté de laisser la justice française prendre la main.

Évoquant un "fait divers grave", le président François Hollande avait estimé jeudi, depuis Cotonou, au Bénin, où il effectuait un déplacement, que l'affaire ne devait pas être "[mise] en rapport avec ce qui s'est passé en Centrafrique".

Quatorze militaires stationnés à Bangui ont été accusé de viols par six enfants de neuf à 13 ans. Parmi eux, trois ont été identifiés. Informé dès juillet 2014 de ces accusations, Jean-Yves Le Drian avait saisi la justice française et lancé une enquête interne, mais sans dévoiler l'affaire. Ce silence lui a été reproché lorsque le scandale a éclaté fin avril dans les colonnes du quotidien britannique "The Guardian". La justice centrafricaine a aussi protesté contre le fait de ne pas avoir été informée de l'affaire.

Avec AFP