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Attentat de Sousse : le Premier ministre fustige le "temps de réaction" de la police

Le Premier ministre tunisien a admis vendredi que la police avait été trop longue à intervenir lors de l'attentat de la semaine dernière, sur une plage du centre-est de la Tunisie. Le tueur a déambulé près de 30 minutes avant d'être abattu.

Premier aveu de défaillances des autorités tunisiennes. La police tunisienne a été trop longue à intervenir lors de l'attentat qui a tué 38 touristes la semaine dernière dans un hôtel, a reconnu vendredi 3 juillet le Premier ministre Habib Essid.

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"Le temps de la réaction - là est le problème", a déclaré Habib Essid à la BBC, une semaine jour pour jour après qu'un étudiant de 23 ans a ouvert le feu sur des vacanciers sur une plage et au bord des piscines de l'hôtel Imperial Marhaba à Port El Kantaoui, dans le centre-est de la Tunisie.

Récits accablants pour les forces de l'ordre

Le Premier ministre a ajouté que la police avait été "bloquée partout", sans plus de précisions, et tenu à s'excuser au nom de la Tunisie. "Nous sommes vraiment désolés pour ce qui s'est passé", a-t-il dit.

C'est la première fois qu'un haut responsable tunisien admet officiellement des défaillances des services de sécurité, alors que le tueur a pu déambuler pendant au moins 30 minutes selon plusieurs témoignages, Kalachnikov à la main, avant d'être abattu par les forces de police.

Depuis une semaine, les Tunisiens, sur les réseaux sociaux comme dans la rue, alternent entre désespoir et humour noir face aux récits accablant les forces de l'ordre. Deux témoins ont ainsi indiqué à l'AFP qu'un agent de sécurité armé, arrivé par la mer, n'avait pas osé intervenir et avait abandonné son arme à un civil qui, lui, voulait "tirer sur le terroriste".

Mise en place d'un "plan exceptionnel"

Le groupe jihadiste État islamique (EI), qui contrôle des pans entier de territoire en Syrie et en Irak, a revendiqué l'attaque, comme il l'avait fait lors de l'attentat contre le musée du Bardo à Tunis, le 18 mars, dans lequel 22 personnes (21 touristes et un policier tunisien) étaient mortes.

>> À lire sur France 24 : "L'organisation de l'État islamique revendique l'attentat de Sousse"

Après l'attentat, la Tunisie a annoncé la mise en place d'un "plan exceptionnel" mercredi pour sécuriser plages et sites touristiques, avec notamment le déploiement d'un millier d'agents armés supplémentaires dans ces zones.

Mais dans une vidéo diffusée par la radio privée Cap FM, le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli, qui inspectait mercredi soir une plage dans la station balnéaire de Hammamet (au sud de Tunis), constatait des carences avec colère. "Nous nous étions mis d'accord sur la protection des plages. Où sont-ils, tes agents chargés de sécuriser les plages? Et je les veux armés. Où sont-ils?", lançait-il à un responsable.

Scotland Yard en renfort

Jeudi, le gouvernement a annoncé que huit personnes "en lien direct" avec l'attentat, dont une femme, avaient été arrêtées.

"Le dossier est brûlant et contient des données dangereuses", a de son côté avancé le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti, en exhortant les médias à respecter "le secret de l'instruction".

Pour assister les policiers tunisiens, Londres a dépêché sur place des enquêteurs de Scotland Yard. Payant le plus lourd tribut dans cet attentat, le Royaume-Uni a observé vendredi une minute de silence à midi, heure locale.

Selon les autorités tunisiennes, l'auteur de l'attentat, un étudiant de 23 ans, s'est formé au maniement des armes dans un camp en Libye, pays livré au chaos et séparé de la Tunisie par une frontière poreuse.

Depuis la révolution de 2011 qui a chassé du pouvoir Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a connu des bouleversements politiques, des tensions économiques et sociales et une montée du jihadisme.

Avec AFP