Les violences de la secte jihadiste Boko Haram ont poussé des milliers de femmes nigérianes dans des camps de réfugiés. Les reporters de France 24 ont recueilli le témoignage de plusieurs d’entre elles dans un camp de Yola, dans l'est du pays.
L’enlèvement de masse de jeunes filles est devenue une sombre spécialité de Boko Haram. Selon Amnesty International, la secte jihadiste a déjà enlevé plus de 2 000 femmes et filles au Nigeria depuis début 2014, dont les 276 adolescentes kidnappées dans leur lycée de Chibok en avril de la même année.
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Les reporters de France 24, Jonathan Walsh et Caroline de Camaret, sont allés à la rencontre de femmes nigérianes qui ont trouvé refuge dans un camp à Yola, la capitale administrative de l'État d'Adamawa, dans l’est du pays. Plusieurs d’entre elles sont devenues veuves après l’assassinat de leur mari par les jihadistes extrémistes.
"Grâce a dieu, j’ai réussi à prononcer quelques mots en arabe. Alors, leur émir a dit 'on te mettra pas en priso'", raconte Anna Gebriel, une réfugiée dont le visage porte les scarifications traditionnelles.
"Ils m’ont ramenée à mon village. On a vraiment souffert", ajoute la réfugiée dont le mari et les trois fils ont été massacrés par Boko Haram. "De 6 heures du matin à midi, on devait se rassembler pour écouter des prêches. Après ça, on rentrait à la maison pour préparer des repas mais nous, on ne pouvait même pas manger".
Massacre à la mosquée de Kukawa
Au Nigeria, les attaques de Boko Haram, qui a fait allégeance au groupe État islamique, se succèdent toujours à un rythme soutenu et ce depuis plus d’un an. Dans la nuit du mercredi 1er juillet encore, des hommes soupçonnés d’appartenir à Boko Haram ont ainsi ouvert le feu dans trois villages isolés de l’État de Borno, dans le nord-est du Nigeria.
Selon des villageois joints par l’AFP, les assaillants ont méthodiquement abattu les hommes et les enfants rassemblés dans les mosquées avant d’aller assassiner les femmes qui préparaient le repas. Le massacre aurait fait près de 150 victimes civiles. Les assaillants seraient venus de la région du lac Tchad.
À Yola, un attentat suicide sur un marché de la ville avait fait, le 4 juin dernier, 31 victimes.