
Le référendum surprise prévu dimanche 5 juillet ne peut pas s’organiser du jour au lendemain. Les obstacles à surmonter pour le gouvernement grec ne sont pas minces. À tel point que certains se demandent si Athènes peut y parvenir.
Alexis Tsipras a été catégorique lors de son allocution télévisée du mercredi 1er juillet. Le référendum aura bien lieu dimanche prochain et le Premier ministre grec continue à faire campagne pour le “non”, c’est-à-dire pour le rejet des dernières conditions fixées par les créanciers pour verser de l’argent frais à Athènes. La question divise les Grecs, et les partisans du non comme ceux du oui devraient défiler ce vendredi après-midi à Athènes.
La prise de position du chef du gouvernement grec était en tout cas attendue. Plusieurs voix au sein de l’exécutif - celle du vice-Premier ministre Yannis Dragasakis et certaines dans l’entourage du très médiatique ministre des Finances Yanis Varoufakis - avaient laissé entendre qu’un référendum n’était peut-être pas nécessaire. À condition de trouver un accord avec les créanciers avant la date du vote.
Un référendum ne se fait pas en une nuit
La décision de maintenir le référendum semble avoir fermé la porte à un accord de dernière minute. L’Eurogroupe et l’Allemagne refusent de discuter plus avant avec la Grèce avant les résultats du vote populaire grec. Une manière de laisser Athènes dans un embarras démocratique certain.
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Car plusieurs médias, notamment allemands, supposent qu’Alexis Tsipras n’aurait pas été déçu de ranger au placard un référendum qui risque de se transformer en casse-tête protéiforme. La route jusqu’à dimanche est, en effet, semée d’embûches.
Il y a d’abord le coût. Il oscille, selon les estimations, entre 20 millions et 100 millions d’euros, destinés à financer l'impression et l’envoi des bulletins, le paiement des frais de la commission électorale, la surveillance du bon déroulement du processus. La somme n’est pas extravagante, mais elle n’en constitue pas moins une charge discutable pour un pays au bord de la faillite.
Un référendum ne s’organise pas non plus en une nuit, ni même en une semaine. Il faut “au moins deux semaines”, a jugé le Conseil de l’Europe mercredi 1er juillet. Cette instance a estimé que le grand raout démocratique de dimanche 5 juillet n’était “pas au niveau des standards internationaux” en la matière à cause du délai trop serré pour tout mettre en place.
C’est aussi un défi pour la population. “Beaucoup de Grecs sont encore inscrits sur les listes électorales des communes où ils ont grandi, ce qui ne pose pas de problèmes insurmontables pour s’organiser lorsque la date d’un vote est connue bien à l’avance, mais devient beaucoup plus compliqué quand on a seulement une semaine pour se retourner”, souligne le quotidien conservateur allemand “Frankfurter Allgemeine Zeitung”.
Constitutionnel ?
Même si le gouvernement réussit à amener tout le monde à voter dans des conditions acceptables, en a-t-il le droit ? Le parti d’opposition Nea Demokratia a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle grecque pour contester la légalité même du référendum. Le parti socialiste Pasok doute de la constitutionnalité du processus.
Lors d’un débat, dimanche 28 juin, au Parlement, l’un de ses représentants a énuméré les faiblesses légales de cette consultation populaire. Un référendum ne peut, ainsi, pas porter sur des questions qui affectent directement le budget de la nation (ce qui serait le cas d’un nouveau plan d’économie). Il doit également porter sur un texte contraignant (comme une loi) : le document des créanciers d’Athènes n’est qu’une proposition. Enfin, il faut que la question posée soit suffisamment claire, ce qui, en l’espèce, a déjà été fortement contesté.
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La Cour constitutionnelle n’aura probablement pas le temps de rendre un verdict avant dimanche, comme le souligne la “Frankfurter Allgemeine Zeitung”. Mais que se passera-t-il si elle estime, après coup, que le référendum était inconstitutionnel ? À voir.
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De toute façon, Alexis Tsipras n’a plus d’autre choix que d’organiser le référendum coûte que coûte. Il a déjà coupé certains ponts diplomatiques en annonçant qu’il y aurait un vote populaire sur la proposition des créanciers. S’il n’arrivait même pas à le mettre en place, il perdrait encore un peu plus de crédibilité à la table des négociations. Après tout, le référendum est censé lui redonner une dose de légitimité populaire que n’ont pas la plupart des créanciers non élus.