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Le Premier ministre chinois Li Keqiang a signé, mercredi, un accord de collaboration avec la France pour conquérir de nouveaux marchés en Afrique, notamment dans les secteurs clés des infrastructures et de l’énergie.

Simple déclaration d’intention ou tournant dans la collaboration franco-chinoise ? Les autorités françaises veulent croire que la signature, par le Premier ministre chinois Li Keqiang, mercredi 1er juillet, d’un accord promouvant des "partenariats franco-chinois" sur des marchés étrangers, se traduira par des contrats mirobolants.

Le Premier ministre Manuel Valls, qui a accueilli son homologue chinois en France, a qualifié cet accord "d'historique". Selon ses termes, les deux pays s'engagent à travailler ensemble à des projets dans les domaines des infrastructures et de l'énergie et à introduire de "nouvelles formules de cotraitance, de coproduction et de cofinancement". Des partenariats qui viseront "prioritairement l'Asie et l'Afrique".

"Travaillons ensemble afin de faire progresser les infrastructures, l'industrialisation et la réduction de la pauvreté. Cela servira les intérêts de tous, a déclaré mercredi le Premier ministre chinois dans un discours au siège de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) à Paris. Cela aidera les pays en développement à avancer progressivement vers la prospérité et cela aidera la Chine à trouver des marchés pour ses capacités de production."

Confrontée à des surcapacités industrielles et au ralentissement de sa demande intérieure, la Chine cherche à élargir ses débouchés. Elle espère profiter de l'expertise des groupes français sur des marchés où ils sont implantés de longue date, en Afrique notamment.

Les Chinois "mal-aimés"

"C'est du gagnant-gagnant, a commenté un responsable français sous couvert d'anonymat. Les Chinois ont une puissance financière, on a un savoir-faire."

Les échanges entre la Chine et l'Afrique ont explosé en 15 ans, soulignait récemment Standard and Poor's : 23 % des exportations des 18 pays d'Afrique subsaharienne notés par l'agence étaient destinés à la Chine en 2013, contre 4,6 % en 2000.

Les investissements directs chinois sur le continent ont bondi à 1,6 milliard de dollars en 2013, contre 145 millions en 2005.

C'est la Chine qui a financé et construit la nouvelle ligne ferroviaire de 750 km reliant l'Éthiopie au port de Djibouti, elle aussi qui édifiera à partir de 2016 un stade de 60 000 places à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire.

Cette omniprésence ne va pas sans susciter des tensions

"Après plusieurs années d'engagement en Afrique, le constat pour les Chinois est qu'ils ne sont pas aimés. Ils nous demandent notre savoir-faire pour se faire aimer", explique le responsable français anonyme.

"L'accord ne concerne pas que l'Afrique mais aussi l'Asie, ce qui nous permet des ouvertures de marchés. En Afrique, l'idée n'est pas de se faire prendre des marchés, on restera vigilant", a-t-il assuré.

Devenue la deuxième économie mondiale, la Chine pointe seulement au 80e rang en termes de PIB par habitant, à 7 589 dollars par an. Et si 600 millions de Chinois sont officiellement sortis de la pauvreté ces dernières années, 200 millions d'entre eux restent en grande précarité - "soit les populations combinées de la France, de l'Allemagne et du Royaume-uni", a souligné Li Keqiang.

Avant de conclure : "le développement de la Chine ne pourra se faire sans le reste du monde".

Avec AFP