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Vivement critiqué pour avoir parlé de "guerre de civilisation" en évoquant la lutte contre le terrorisme islamiste, Manuel Valls a réagi lundi. "Nous ne sommes pas en guerre contre une religion", a précisé le Premier ministre.
Face à la polémique suscitée par l’expression "guerre de civilisation", utilisée pour qualifier la lutte contre le "terrorisme" islamiste, Manuel Valls a tenté, lundi 29 juin, de désamorcer la situation. À Metz, il a précisé qu'il fallait mener une "guerre de civilisation contre la barbarie", qui n'a rien à voir avec une "guerre entre les civilisations, au pluriel", car "nous ne sommes pas en guerre contre une religion".
"Nous ne pouvons pas perdre cette guerre parce que c'est au fond une guerre de civilisation. C'est notre société, notre civilisation, nos valeurs que nous défendons", avait déclaré la veille le chef du gouvernement lors de l'émission "Le Grand Rendez-vous" d'Europe 1-"Le Monde"-iTELE.
"Il faut vraiment avoir un esprit complexe pour essayer de me faire procès sur ce sujet-là", s’est agacé le Premier ministre à la presse ce lundi après de multiples réactions outrées. "Nous sommes en guerre contre le terrorisme islamique, le jihadisme, mais nous ne sommes pas en guerre contre une religion", a poursuivi Manuel Valls. "Le mot de civilisation [...] n'appartient pas aux conservateurs américains", a poursuivi celui qui, depuis ces déclarations, est comparé tantôt à Georges W. Bush ou à Nicolas Sarkozy, tous deux connus pour employer ce langage pour décrire la lutte contre le terrorisme. "Pour moi, l'islam comme porteur de message universel, l'islam de France à construire, la démocratie tunisienne, font partie d'une même civilisation. Le totalitarisme de Daech, qui égorge, tue, bien sûr, non."
Désapprobation au sein du PS
Des propos jugés inappropriés par beaucoup, y compris parmi les ténors du Parti socialiste.
Lundi, Martine Aubry a exprimé son désaccord face à l’emploi de ce terme controversé. "Je ne suis pas d'accord avec ces propos, (mais) je n'ai pas l'habitude de condamner", a déclaré la maire de Lille, à l'entrée d'un bureau national du PS, au micro de BFM TV. "On ne peut même pas imaginer que ces fous fassent partie d'une civilisation. La civilisation, ce sont des valeurs, c'est une trace laissée dans l'humanité. (Là), ce sont des hommes et des femmes qui se battent contre toute forme de civilisation, il suffit de voir ce qu'ils font en détruisant le patrimoine [...], il suffit de voir comment ils attentent à la vie humaine", a-t-elle ajouté.
Même position pour l'ex-ministre frondeur, Benoît Hamon. "Je ne suis pas du tout d'accord avec cette analyse du conflit. D'abord, à quoi cela renvoie-t-il ? Quelles sont les civilisations au cœur de cette guerre ? La civilisation arabo-musulmane n'est pas notre adversaire aujourd'hui. Les principales victimes de Daech sont des victimes musulmanes", a-t-il estimé.
Satisfaction de la droite
En dehors de la classe politique, le journaliste Philippe Lançon, rescapé de l'attaque meurtrière du 7 janvier contre "Charlie Hebdo", et toujours hospitalisé, a estimé que parler de "guerre de civilisation" au sujet des attentats "n'[était] pas pertinent".
"Il est, à l'évidence, beaucoup trop tôt pour comprendre ce qui est en train de se jouer, les motivations des gens qui passent à l'acte", a déclaré, depuis sa chambre d'hôpital à France Inter, le journaliste qui a eu la mâchoire arrachée lors de l'attaque et subi, depuis, 13 interventions chirurgicales.
Toutefois, l’emploi "guerre de civilisation" dans la bouche d'un homme politique de gauche a ravi la droite.
Je salue cette forme de conversion à la lucidité de Manuel Valls. #BFMPolitique
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 28 Juin 2015"Après avoir insulté pendant des années Nicolas Sarkozy qui le disait, Valls reconnaît enfin que nous sommes dans une guerre de civilisation", a lancé le porte-parole des Républicains, Sébastien Huyghe. "En parlant de 'guerre de civilisation', le Premier ministre se convertit à la lucidité, il faut maintenant qu'il se convertisse à l'action", a pour sa part déclaré sur Twitter le député des Républicains Éric Ciotti.
Avec AFP