Pour accéder en finale de la Copa America, le Chili devra s'imposer face au Pérou, lundi à Santiago. Une rencontre entre deux pays voisins qui n'aura pas seulement le goût du football.
En guerre pendant cinq ans au XIXe siècle, Chili et Pérou vont remettre le couvert sur le gazon, lundi 29 juin, pour la première demi-finale de la Copa America 2015, dans un "clasico du Pacifique" sulfureux entre une "Roja" décidée à décrocher enfin, et à domicile, son premier titre continental et des Péruviens en feu autour de leurs papys trentenaires.
Car ce choc a des racines historiques. Les deux pays se sont affrontés entre 1879 et 1884 dans une guerre sanglante pour le contrôle d'une région riche en nitrate, et chaque match entre les deux équipes donne lieu à des manifestations de patriotisme forcené.
Au moment des hymnes lundi soir dans l'Estadio Nacional de Santiago, celui du Pérou risque donc d'être conspué par 45 000 spectateurs tous acquis à la cause de la "Roja". Même si les deux équipes refusent, pour l'instant, les déclarations guerrières, l'atmosphère avant cette demi-finale est déjà explosive, par la faute de Gonzalo Jara.
Le défenseur chilien a écopé dimanche d'une suspension de trois matches pour son geste obscène - un doigt dans les fesses - qui a fait sortir de ses gonds Edinson Cavani lors du quart de finale remporté par le Chili face à l'Uruguay (1-0).
Un Chili qui impressionne
Sans Jara, qui formait avec Gary Medel l'intransigeante charnière centrale chilienne, la "Roja" est affaiblie. Mais elle a déjà montré qu'elle était imperméable à la pression après la retentissante arrestation pour conduite en état d'ivresse d'Arturo Vidal.
Des quatre équipes encore en course, le Chili a fait la plus forte impression avec trois victoires et un nul, 11 buts marqués et seulement trois encaissés (contre le même adversaire, le Mexique).
"Mais il ne faudrait pas penser trop vite à la finale, sinon le Pérou va nous punir, car ils ont de très bonnes individualités", a prévenu Matias Fernandez, le milieu offensif de la "Roja" et de la Fiorentina.
Une référence peut-être au trio Guerrero-Farfan-Pizarro, ces trois trentenaires de la sélection inca, près d'un siècle de football à leur actif et des dizaines de buts à la clef. Dont ce triplé de Paulo Guerrero, attaquant du club brésilien de Corinthians, face à la Bolivie en quart de finale.
Le Chili sent qu'il se rapproche d'un exploit historique : depuis la création de la Copa America en 1916, il attend toujours son premier sacre après quatre finales perdues, la dernière en 1987 contre l'Uruguay.
Chilena ou chalaca ?
Le Pérou a enlevé deux éditions de l'épreuve-reine du football sud-américain, en 1939 et 1975, mais l'équipe surprise du dernier carré n'entend pas s'arrêter en demi-finale, même face au pays-hôte.
"Nous sommes sereins et tranquilles, car nous savons que nous jouons bien au football", a résumé Carlos Lobaton. Et les Péruviens assurent ne pas craindre le Chili, "une bonne équipe certes, mais face à qui on n'a pas de complexes à avoir", a prévenu le milieu de terrain, autre "ancien" péruvien (35 ans).
Pourtant les statistiques du "clasico du Pacifique" favorisent clairement le Chili, victorieux 41 fois pour 21 défaites et 14 nuls.
Quel que soit le vainqueur lundi, une épineuse rivalité devrait en tout cas persister entre les deux pays, au sujet de la "bicyclette" : ce retourné acrobatique est appelé une "chilena" au Chili, mais une "chalaca" au Pérou, qui revendique aussi la paternité du geste.
Avec AFP
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Un Argentin certain de gagner la Copa America
La nationalité du sélectionneur qui brandira la Copa America, le 4 juillet, est déjà connue: il sera Argentin, les quatre équipes encore en lice étant toutes dirigées par un ressortissant du pays des gauchos. Les demi-finales entre Chili et Pérou, lundi, puis Argentine et Paraguay, mardi, sont aussi des duels pour la suprématie entre techniciens argentins. Elles verront s'opposer d'un côté Jorge Sampaoli (Chili) et Ricardo Gareca (Pérou), et de l'autre Gerardo "Tata" Martino (Argentine) contre Ramon Diaz (Paraguay).