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Le combat continue pour Serge Atlaoui et ses proches

La femme et les soutiens de Serge Atlaoui en France ont réaffirmé, vendredi, leur détermination à poursuivre le combat pour éviter l'exécution du Français, enfermé dans le couloir de la mort d’une prison indonésienne depuis dix ans.

Elle n’avait plus parlé depuis de longues semaines, mais Sabine Atlaoui, l’épouse de Serge Atlaoui, ce Français condamné à la peine capitale pour trafic de drogue par la justice indonésienne, est désormais prête à reprendre le combat pour éviter que son mari ne soit exécuté. Dans les locaux de l’association Ensemble contre la peine de mort, vendredi 26 juin, à Montreuil (banlieue parisienne), ses mots étaient parfois hésitants, l’émotion à fleur de peau, mais sa détermination à sauver son mari du couloir de la mort toujours intacte.

"J’ai eu énormément de mal à retrouver mes repères en rentrant en France, j’ai eu besoin de temps, a-t-elle reconnu. Toute cette période a brisé énormément de choses en moi. Ce qui m’a permis de tenir, c’est ce travail de fond que l’on fait avec Me Sédillot, les contacts avec la France, toutes les personnes qui nous soutiennent."

Les semaines qui ont suivi l’annonce de l’exécution de Serge Atlaoui, en avril, avant que son nom ne soit finalement retiré de la liste des personnes à fusiller, ont en effet provoqué beaucoup de stress, de fatigue, de peur et de nervosité chez les proches du Français. "J’étais entre quatre murs, c’était une prison, une souffrance, a témoigné Sabine Atlaoui. On se sent démunie. On est là juste à côté, mais il n’y a pas grand-chose à faire. Alors avec Serge, nous préférons expédier le côté émotionnel, nos conversations sont uniquement axées sur la stratégie à adopter, la manière de procéder."

"Je suis émerveillé par le courage de cet homme qui est incroyable, a affirmé Me Richard Sédillot, l’avocat du Français condamné à mort. Et lorsqu’il envisage le pire, il ne pense qu’à ses proches, il ne parle jamais de lui. C’est un homme d’une grande générosité."

Sa situation aurait pourtant de quoi le faire paniquer, lui qui est passé si près du peloton d’exécution. Mais après ces quelques jours durant lesquels ses heures semblaient comptées, le moment est venu de reprendre une bataille, plus longue, sur les terrains judiciaire et diplomatique.

Pour Me Sédillot, le plus important est que le nom du Français ne soit pas remis prochainement sur une liste de personnes à exécuter après le recours administratif rejeté lundi 22 juin.

"Tout ce travail silencieux et discret a quand même porté ses fruits"

"Ce qui est assez remarquable malgré la décision, c’est que la cour administrative a instruit le dossier beaucoup plus longuement qu’elle ne l’avait fait pour les deux Australiens, manifestant ainsi, enfin, l’intérêt que l’on doit porter au dossier de M. Atlaoui", affirme l’avocat, pour qui cette évolution est le résultat du travail de fond mené depuis huit ans.

"C’est un travail qui est très discret, c’est une politique des petits pas, a-t-il expliqué. Les droits de l’Homme c’est ça aussi : on ne peut pas toujours partir au combat avec l’oriflamme et la fleur au fusil, il faut le faire avec beaucoup de discernement. C’est ce qu’on fait, de façon coordonnée, avec Sabine, les avocats, ECPM, la diplomatie, l’ambassadrice, le consul, et c’est ça qui a sauvé M. Atlaoui."

Il faut en effet se souvenir qu’il y a huit ans, le gouvernement indonésien ne voulait même pas entendre prononcer le nom de Serge Atlaoui. "Le simple fait, à l’époque, d’évoquer son nom fermait systématiquement les portes, rappelle Me Sédillot. Ça a été long, mais on voit aujourd’hui que le président Hollande en a parlé, que M. Fabius en a parlé, que des liens se sont noués au plus haut niveau des États français et indonésien. Même s’il reste encore beaucoup à faire, on voit bien que tout ce travail silencieux et discret a quand même porté ses fruits."

Alors qu’aucune exécution en Indonésie ne semble être programmée dans les semaines à venir, selon les soutiens de Serge Atlaoui, l’heure est désormais venue de reprendre ce travail de l’ombre.

Les avocats du Français ne savent pas encore quelle direction prendre précisément et veulent se donner le temps de la réflexion. Des recours existent et d’autres, déjà utilisés, peuvent l’être à nouveau, assurent-ils.

"La mobilisation continue car Serge n’est pas sorti du couloir de la mort, loin de là, répète pour sa part Raphaël Chenuil-Hazan, le directeur d’ECPM. Il faut continuer à soutenir sa famille, notamment financièrement, et soutenir Serge symboliquement par des messages."