
Après la polémique sur le "Tigre bleu de l’Euphrate", texte de Laurent Gaudé proposé cette année parmi les épreuves du bac de français, le Goncourt a coupé court au débat : son tigre désigne bien le félin et non le fleuve de Mésopotamie.
En 2014, les candidats au bac voulaient "niquer Victor Hugo". Cette année, c’est l’auteur français contemporain Laurent Gaudé qui a fait les frais de l'ardeur adolescente qui a inondé les réseaux sociaux le 19 juin, jour de l’épreuve écrite du bac Français.
Parmi les trois consignes aux choix, les lycéens de Premières S et ES se sont vus proposer le commentaire d’un extrait de "Le Tigre bleu de l’Euphrate" (2002), une pièce de théâtre de Laurent Gaudé. Alexandre le Grand y "raconte à la Mort, qu’il imagine en face de lui, comment le Tigre Bleu lui est un jour apparu et comment il a su que son but était de le suivre", comme le résume l’intitulé de l’épreuve.
Mais avec ce Tigre, le Goncourt est devenu la bête noire des lycéens. À peine sortis des quatre heures d’épreuves, ils se sont défoulés sur Twitter à grand renfort d’humour et d’émoticônes :
À l’instar de ce twittos @_iamDevious, de nombreux lycéens n’ont pas su si le "tigre bleu" dont il question dans le texte correspond au félin ou au fleuve qui coule, avec l’Euphrate, en Mésopotamie. Alors que les lycéens ont plutôt opté pour la première interprétation plus littérale, les médias ont fait enfler la polémique en assurant qu’il s’agit en fait du fleuve.
Laurent Gaudé s’en mêle
Pour couper court au débat et aux angoisses des lycéens, déjà plongés dans des calculs d’apothicaire pour savoir combien il leur faudrait en maths pour rattraper le "hors sujet" du Français, l’auteur lui-même a tenu à les rassurer dans un communiqué diffusé par sa maison d’édition, Actes Sud : '"le tigre bleu" qu’il évoque est bien un animal imaginaire, et pas un fleuve comme l’assuraient les commentateurs.
"Après quatre heures d’épreuve et des semaines de révision, les bacheliers se sont angoissés et défoulés sur les réseaux sociaux", écrit Laurent Gaudé qui dit "comprendre cela très bien", mais avoir été "surpris de voir que, dans les jours qui ont suivi, bon nombre de sites de médias annonçaient de façon tranchée et définitive que le mot "tigre" désignait le fleuve et non le félin".
Cette affirmation a accru "le sentiment de déception chez les jeunes gens. C’est dommage, d’autant plus que c’est inexact", souligne l’écrivain, qui se félicite par ailleurs que des textes contemporains soient donnés au baccalauréat. "C’est une manière pour le pays, à travers l’Éducation nationale, de saluer la voix vivante de ses écrivains et je m’en réjouis profondément."
À 42 ans, Laurent Gaudé s’est fait connaître du grand public avec son roman "La Mort du roi Tsongor" en 2002. Deux ans plus tard, il a remporté Le Goncourt pour "Le Soleil des Scorta", traduit dans 34 langues. Diplômé de Lettres modernes et d'Études théâtrales, il compte à son actif une dizaine de pièces de théâtre, huit romans et quelques recueils de nouvelles.