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Une épicerie orientale de Bordeaux a suscité la polémique en instaurant des horaires d’ouverture distincts pour les hommes et les femmes. Passibles de condamnations pénales, les propriétaires ont fini par se rétracter.

Le début de la semaine était exclusivement réservé aux hommes, la fin aux femmes. Une épicerie orientale récemment installée dans le quartier Saint-Michel, l’un des plus cosmopolites de Bordeaux, a affiché sur sa vitrine des horaires d’ouverture distincts pour "les frères" et "les sœurs" qui souhaitent y faire leurs courses.

Interrogés par le quotidien "Sud Ouest", les gérants de l’épicerie-bazar "De l’Orient à l’Occident", un jeune couple de Français récemment convertis à l'islam, se sont justifiés en expliquant que "dans la religion, la mixité est interdite pour éviter la tentation".

Une discrimination punie par la loi

L’initiative n’a pas tardé à faire réagir. Le grand imam de Bordeaux, Tareq Oubrou s’est étonné de la pratique, étrangère aux préceptes de l’islam : "On n'a jamais vu ça à l'époque du Prophète ! Les marchés étaient mixtes. Ça me paraît un peu bizarre dans un monde où la mixité est une culture établie", a-t-il commenté au micro de France 3 Aquitaine

Plus tôt dans la journée, le maire de la ville, Alain Juppé, avait appelé dans un communiqué "les autorités à se saisir de ce dossier afin de faire cesser de telles pratiques discriminatoires", ajoutant "condamner fermement un comportement en totale contradiction avec les règles républicaines d'égalité et de mixité".

Dénonçant une pratique "inacceptable", le préfet de Gironde a également demandé que "la justice se saisisse immédiatement" de l'affaire et "en tire les conséquences si les faits sont avérés". Cette discrimination relève en effet du Code pénal : elle est passible de trois ans de prison et 45 000 euros d'amende.

La boutique est redevenue mixte

Face à l’ampleur prise par la polémique, le couple s’est rétracté lundi après-midi et a enlevé l’affichette de sa vitrine. À nouveau interrogé par "Sud Ouest", le propriétaire du commerce a assuré qu’il ne "savait pas que c'était interdit" par la loi. Cela s'adressait à un public averti, qui sait que notre pratique de la religion (musulmane, NDLR) n'autorise pas la mixité", a expliqué l'homme de 24 ans, originaire de Picardie, tout en réfutant l’accusation de discrimination.

"Dire que c'est de la discrimination, ça me choque", poursuit-il, citant l'existence de "hammams avec des horaires pour les hommes et les femmes".