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Mali : la rébellion touareg signe à son tour l'accord de paix

La rébellion à dominante touareg du nord du Mali a signé, samedi à Bamako, l'accord de paix déjà entériné en mai par le camp gouvernemental et la médiation internationale. Cet accord est censé tourner la page du jihadisme dans cette partie du Sahel.

Les négociations entre le gouvernement malien et les groupes rebelles ont porté leurs fruits. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), une rébellion à dominante touareg du nord du Mali a signé, samedi 20 juin à Bamako, l'accord de paix déjà entériné en mai dernier par le camp gouvernemental et la médiation internationale.

L'accord a été signé au nom de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, rébellion) par Sidi Brahim Ould Sidati, un dirigeant du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), lors d'une cérémonie en présence du président malien Ibrahim Boubacar Keïta et du chef de la Mission de l'ONU, Mongi Hamdi.

>> À voir sur France 24  : Entretien avec Mongi Hamdi, représentant spécial de l'ONU au Mali

Les youyous ont éclaté dans la salle de conférence lorsque Sidi Brahim Ould Sidati a apposé sa signature après celles figurant déjà sur l'accord depuis la cérémonie du 15 mai.

"C'est un grand jour pour nous", a affirmé un chef rebelle à Bamako, interrogé par le correspondant de France 24, Serge Daniel.

Le journaliste n'a d'ailleurs pas manqué de constater, "en faction devant un hôtel, un soldat malien originaire du Sud et un autre originaire du Nord. C’est un peu l’image que tout le monde souhaite voir demain dans un Mali réconcilié", commente le reporter pour France 24.

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Mali : la rébellion touareg signe à son tour l'accord de paix

Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, se rendra lundi au Mali pour soutenir l'accord de paix, a-t-on annoncé dans son entourage : "Il y va pour marquer la présence et le soutien de la France à cet accord, indispensable au retour de la paix et du développement au Mali".

Tourner la page du jihadisme

Concrètement, l’accord devrait permettre d'isoler les "bandes incontrôlées, jihadistes, narcotrafiquants qui continuent les violences sur le terrain", affirmait l'éditorialiste malien Souleymane Drabo, avant la signature. Cette signature est "un pas nécessaire et très attendu parce que ça va permettre de clarifier la situation sur le terrain", avait-il dit, tout en soulignant que cela ne signifiait pas automatiquement "le rétablissement de la sécurité".

Le nord du Mali a connu une série de rébellions touareg depuis les premières années d'indépendance du pays, en 1960. En 2012, cette vaste région a été transformée en sanctuaire et en base d'opérations jihadiste, jusqu'au lancement par la France de l'opération Serval en janvier 2013.

Les pro-Bamako se retirent de Ménaka

Cette signature n’est pas une surprise, la CMA ayant déjà paraphé l'accord négocié à Alger. Les rebelles exigeaient cependant jusqu’à présent des discussions supplémentaires pour le signer.

Les derniers obstacles à la signature par la rébellion ont été écartés cette semaine avec la levée par le gouvernement des mandats d'arrêt visant une quinzaine de responsables rebelles, puis l'évacuation vendredi de la ville de Ménaka (nord-est) par les groupes armés pro-Bamako. Ce retrait, prévu par l'arrangement sécuritaire signé à Alger le 5 juin, était une exigence des rebelles, chassés de Ménaka le 27 avril, pour signer l'accord.

Si l'accord promet une clarification de la situation sur le terrain, certains doutent toutefois déjà de son efficacité. Dans un rapport publié le 22 mai, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) a prévenu que, sans cessez-le-feu crédible et durable, l'accord ne permettrait pas d'établir "la distinction entre groupes politico-militaires et 'groupes terroristes' tant attendue par les forces internationales".

Avec AFP