
Un rapport parlementaire sur la surveillance des filières jihadistes en France a été remis jeudi à François Hollande. Rédigé par les députés Patrick Mennucci et Eric Ciotti (Les Républicains), il apporte des précisions et fait dix propositions.
Les députés du groupe Les Républicains Éric Ciotti et Patrick Menucci ont remis, jeudi 18 juin, au président François Hollande un rapport sur la surveillance des filières jihadistes en France. Une question qui, depuis les attentats de janvier contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, est d’autant plus sur le devant de la scène.
Selon Matthieu Mabin, chroniqueur international à France 24, le rapport "apporte des précisions et une bien meilleure lecture que ce qui avait été avancé au cours des trois dernières années sur ce phénomène de Français qui partent combattre en Syrie".
D'où vient la menace ?
Les précisions portent notamment sur l’origine de la menace jihadiste et les processus de recrutement. On apprend notamment que 90 % des individus recrutés pour combattre en Syrie, l’ont été via Internet. "Ce ne sont donc pas des recruteurs qui agissent sur le terrain", relève Matthieu Mabin. "On s’attendaient pourtant, au terme de deux ou trois ans de départ de volontaires français vers la Syrie, à voir revenir des combattants, auréolés de gloire et d'une réputation, qui mèneraient des campagnes de recrutements en France. Or ce n’est pas le cas", explique-t-il.
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Le rapport précise également le profil des personnes attirés par le jihad : "C'est toujours à 50 % une population de type jeunes convertis, comprenant notamment des personnes dont les parents ou les grands-parents ont été musulmans et qui, redécouvrant la religion, ont la sensation d’opérer un retour vers l'islam, mais l'islam radical qui conduit à aller mourir en Syrie".
Selon le rapport, 1 450 personnes sont d’ores et déjà radicalisées en France et engagés dans les filières jihadistes, mais seulement 400 se battent sur le terrain et 90 ont perdu la vie depuis trois ans. "Ce n'est donc pas un phénomène de masse", estime Matthieu Mabin, même si on pourrait penser le contraire au vu de la place que ces questions occupent dans les médias.
Reste que même si le nombre de volontaires français en Syrie est peu important, il suffit de peu d’hommes pour fomenter des attaques comme celles de janvier à Paris. Sans oublier le phénomène dit des "loups solitaires", ces jeunes qui se radicalisent seuls, souvent via les réseaux sociaux. "On sait en effet que le réseau qui a agi autour des frères Kouachi était petit, fait d’une poignée d’hommes dont tous n’avaient pas d’expérience du jihad", rappelle ainsi le chroniqueur de France 24, qui voit dans ce genre de groupes, une menace réelle.
Dix propositions pour lutter contre la menace jihadiste
Les deux députés auteurs du rapport, ont cherché à comprendre comment les attentats de janvier avaient été possibles, et comment les services de renseignement avaient pu manquer les frères Kouachi. Leur constat est sans appel : il y a des failles dans le système de surveillance. De là découlent dix propositions pour améliorer la lutte contre la menace jihadiste.
"Il existe des lacunes dans la continuité territoriale du suivi des individus dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ces difficultés ont conduit à l'interruption de l'écoute de Saïd Kouachi par la direction du renseignement de la Préfecture de police en juin 2014, alors qu'il se trouvait hors de sa zone de compétence à Reims. La logique purement territoriale de répartition des compétences qui prévaut aujourd'hui, alors même que les individus sont mobiles, n'est plus pleinement adaptée", écrit ainsi Éric Ciotti dans le rapport.
Ils appellent donc, entre autres, à plus de coordination entre les différents services, à une meilleure surveillance des liaisons aériennes, à une plus grande prévention en milieu carcéral. Ils insistent également sur le renforcement du rôle des imams, en proposant de subordonner le recrutement des aumôniers pénitentiaires à l'obtention d'un diplôme universitaire de formation civile et civique.