Alors que l'offensive du gouvernement contre les Taliban se poursuit dans la vallée de Swat, de plus en plus de blessés arrivent dans les hôpitaux de Peshawar, dans le nord du pays. Reportage dans l'établissement de la Croix-Rouge.
L'offensive de l'armée pakistanaise contre les Taliban, dans la vallée de Swat, se poursuit. Pendant que les civils fuyant les combats continuent d’affluer vers les camps de réfugiés, les blessés de guerre remplissent chaque jour un peu plus les lits de l’hôpital de la Croix-Rouge à Peshawar, dans le nord du Pakistan.
Ismaël, 9 ans, peut s’estimer heureux d’être encore en vie: quatre de ses camarades n’ont pas survécu au raid aérien qui a visé leur école. "Je jouais dans la cour quand un avion est arrivé, raconte l’écolier. J’ai eu très peur. Je me suis caché mais tout de suite il y a eu un deuxième avion. Il m’a tiré sur la jambe mais j’ai été blessé sur tout le corps."
Amputé de la jambe droite, il ne veut plus rentrer chez lui. De toute façon, la maison qui abritait Ismaël et sa famille a été détruite par l’armée, témoigne son père. "On a laissé beaucoup de morts et de blessés derrière nous", ajoute-t-il.
Depuis le début des opérations dans la vallée de Swat, il y a près d'un mois, les médecins sont sur le qui-vive. "On vient de pratiquer deux opérations en même temps", confie le docteur Amayu Khan. Dans des installations de fortune, que l’on soit civil, Taliban ou militaire, tout le monde est soigné. "Ça nous est égal, on nous amène des victimes et on s’en occupe", affirme le docteur Satoma, directeur de l’hôpital de la Croix-Rouge de Peshawar, où les lits commencent à manquer.
Deux millions de personnes à nourrir jusqu’en septembre
Dans les camps de réfugiés, la situation n’est guère meilleure. "La vie ici est pire que celle d'un animal", explique Amna Rashid, une étudiante dans le camp de déplacés de la petite ville de Mardan, sans ombre, et où la chaleur, ces derniers jours, dépasse les 40 degrés.
Dominique Frankefort, coordinateur au Pakistan du Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU, estime qu’il faudra fournir à manger à quelque deux millions de personnes au moins jusqu'en septembre. "On gère au jour le jour. Si vous avez 200 000 déplacés de plus par jour, on ne peut les nourrir immédiatement", explique-t-il, dénonçant une "aide extrêmement faible du gouvernement".
Les 100 millions de dollars d’aide promis mardi aux déplacés par la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton devraient permettre aux réfugiés d’accéder aux produits de première nécessité.
Près d'un million et demi de personnes auraient été chassées de chez elles par l'offensive gouvernementale en cours.