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Athènes a envoyé samedi une délégation à Bruxelles, pour négocier avec ses créanciers, UE et FMI, et éviter un défaut de paiement. Le gouvernement Tsipras s’attend à un "compromis difficile".

Le gouvernement grec, qui a dépêché, samedi 13 juin, une délégation à Bruxelles avec de nouvelles propositions, s'est dit prêt à trouver "un compromis difficile" avec ses créanciers, UE et FMI, pour assurer la poursuite du financement de la Grèce et lui éviter le défaut de paiement.

"Si on arrive à un accord viable, même si le compromis est difficile, on va relever ce défi car notre seul critère est la sortie de la crise", a déclaré le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, lors d'une réunion vendredi soir avec ses collaborateurs. Ces propos ont été cités samedi dans un communiqué du gouvernement, laissant entendre que la Grèce est éventuellement disposée à faire de nouvelles concessions.

Le challenge est de taille : la Grèce doit trouver un accord coûte que coûte avec ses principaux créanciens, l’Union européenne et le Fonds Monétaire international, pour éviter le défaut de paiement le 30 juin prochain.

Peu d'informations ont filtré de la rencontre entre la délégation grecque et les représentants du FMI et de l'Union européenne. Mais selon Reuters, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a proposé que le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds d'urgence de la zone euro, accorde un nouveau prêt sur trente ans à la Grèce, à un taux d'intérêt de 1,5 %, et que le MES rachète pour 27 milliards d'euros d'obligations souveraines grecques détenues par la Banque centrale européenne (BCE).

Un montage qui permettrait à la Grèce de rembourser comme prévu en juillet et en août à la BCE 6,7 milliards d'euros et d'étendre le délai de remboursement du reste de sa dette

Labyrinthe grec

Autre principal enjeu pour Athènes : rembourser 1,6 milliard d'euros de prêts du FMI. Cependant, des doutes subsistent sur sa capacité à honorer cette échéance sans le déblocage de 7,2 milliards d'euros restant à verser dans le cadre de son plan d'aide.

Or le versement de cette aide dépend de la mise en place de réformes sur lesquelles Athènes et ses créanciers s'écharpent depuis près de quatre mois. Un véritable labyrinthe dans lequel le gouvernement d’Alexis Tsipras tente d’avancer sans pour autant renier ce pour quoi il a été élu : libérer les Grecs de l’austérité.

>> Retrouvez le reportage de France 24 : "Grèce, quatre mois après l'élection de Siryza, l'incertitude"

Pourtant, les marges de manœuvre sont minces : le FMI avait jeté un froid jeudi en affirmant que des différences "majeures" subsistaient avec Athènes. L’institution réclame notamment une réforme de la TVA qui "permettrait de récolter des impôts supplémentaires représentant jusqu'à 1% du PIB" grec.

Samedi soir, le journal allemand "Frankfurter Allgemeine Zeitung", citant un diplomate européen, a affirmé que le FMI aurait "torpillé" une proposition soumise par Athènes, faisant état de "tensions" entre les délégations.

Et en cas de défaut de paiement ? "La Grèce serait débarrassée de sa dette, mais elle aurait du mal à trouver de ‘l’argent frais’. Or, si les caisses sont vides, Athènes ne pourrait pas payer les fonctionnaires, ni payer les pensions, ce qui créerait une fuite de capitaux" explique Kattalin Lanadaburu, correspondante de France 24 à Bruxelles.

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Le gouvernement grec prêt à un "compromis difficile" pour éviter le défaut de paiement

Suspense jusqu’au 25 juin ?

Les discussions pourraient durer plusieurs jours, mais le temps presse et l'idéal serait d'obtenir un accord d'ici à jeudi, date de la prochaine réunion des ministres des Finances de la zone euro, qui devront l'entériner à l'unanimité. Certains parlements nationaux devront ensuite donner leur feu vert au déboursement de l'aide.

Devant la difficulté de la procédure, certaines sources avancent qu’une résolution du conflit ne pourrait pas advenir avant les réunions du prochain Conseil européen, les 25 et 26 juin prochains.

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Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, est en tout cas confiant : samedi, sur la radio BBC 4, il a exhorté les parties prenantes à travailler à une solution "mutuellement avantageuse" qui ne "joue pas sur le scénario d'une fragmentation" de la zone euro. "Je pense qu'aucun bureaucrate ou responsable politique européen ne s'engagera sur la voie" d'un défaut grec, a-t-il dit.

"Pour la première fois depuis 2012, l’idée d’un possible naufrage de la Grèce fait surface, mais il y a une part de bluff de la part des deux camps, car aucun des deux  ne veut porter la responsabilité d’un échec", souligne Kattalin Landaburu.

Avec AFP