Le dollar zimbabwéen, symbole de l’hyperinflation des années 2000, ne pourra plus être utilisé à partir de la semaine prochaine, a annoncé Harare le 11 juin. D'ici fin septembre, les usagers devront se séparer de leurs billets à 100 mille milliards.
À saisir : sur eBay, il est actuellement possible d’acheter un billet de cent mille milliards de dollars zimbabwéens pour 22,5 dollars (22,7 euros). L’affaire n’est, en fait, économiquement pas très rentable. Cette monnaie ne pourra officiellement plus être utilisée dans son pays d’origine à partir de la semaine prochaine ont annoncé les autorités du Zimbabwe, jeudi 11 juin.
Pire, la banque centrale du pays, qui rachètera les dollars zimbabwéens, n’offre que cinq dollars américains pour 175 mille milliards de dollars locaux. Payer 22,5 dollars sur eBay pourrait tenir de l'arnaque. Mais, comme le souligne un internaute sur le site communautaire Reddit, c’est un peu “le prix du souvenir”. Ces billets garnis de ces 15 zéros pourraient bien, dans le futur, gagner en valeur sur le marché des antiquités.
Des brouettes de billets
Ils sont appelés à devenir les derniers vestiges de l’une des plus tonitruantes débandades financières en Afrique depuis le début des années 2000. Les Zimbabwéens n’utilisent quasiment plus leur propre monnaie depuis 2009 et préfèrent le billet vert américain ou le rand sud-africain pour leurs dépenses quotidiennes.
C’est au plus fort de la crise financière zimbabwéenne, en 2008, que le gouvernement de Robert Mugabe avait fait imprimer les désormais fameux et hautement symboliques billets de cent mille milliards de dollars. Le taux d’inflation annuelle avait atteint, en septembre 2008, un pic de 489 000 000 000 %, d’après le FMI.
Faire ses courses relevait alors de la gageure. “Certains transportaient les billets en brouette pour payer des produits de base”, rappelle le site de la chaîne britannique BBC. Il n’était pas rare que les prix augmentent deux fois par jour à cette époque, souligne, de son côté, l’agence Reuters.
Conséquence de la réforme agraire
L’hyperinflation d’alors trouve son origine dans la saisie, par le gouvernement, des terres des fermiers blancs entre 2000 et 2003. Cette décision du président Mugabe et la violence qui a accompagné l’expropriation dans le cadre de la réforme agraire ont ruiné la confiance des investisseurs étrangers. La chute les exportations qui s'ensuit, entraînera une crise bancaire.
Le Zimbabwe est passé d’une croissance moyenne de 4 % par an dans les années 1990 à une récession continue entre 2001 et 2009. L’hyperinflation n’est pas la seule conséquence de cette politique économique. Aujourd'hui, 80 % des Zimbabwéens sont au chômage et ne vivent plus que de petits boulots, rappelle RFI dans le portrait consacré par la radio à Robert Mugabe.
L’abandon officiel du dollar zimbabwéen ne va pas changer la face de l’économie du pays, mais il marque la volonté de l’État de se débarrasser d’un outil monétaire devenu obsolète. Les habitants du pays ont jusqu’à fin septembre pour se débarrasser de tous les dollars zimbabwéens qui dormiraient sur leur compte en banque.