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Un attentat déjoué à Louxor, le tourisme égyptien dans le collimateur des jihadistes

La police égyptienne a déjoué, mercredi, un attentat-suicide près du célèbre temple de Karnak, à Louxor. Une attaque qui inquiète les autorités ; les attentats jihadistes visaient, jusqu'ici, quasi-exclusivement les forces de sécurité.

L’attentat-suicide, déjoué mercredi 10 juin par la police à Louxor, dans le sud de l'Égypte, et qui a fait quatre blessés légers, a de quoi de donner des sueurs froides au pouvoir égyptien. En effet, l’attaque qui visait vraisemblablement le temple de Karnak, l'un des sites de l'Égypte pharaonique les plus célèbres, aurait pu provoquer un bain de sang pami les centaines de touristes étrangers présents sur place. En réaction, le président Abdel Fattah al-Sissi a réclamé "un renforcement du dispositif de sécurité pour les installations vitales, notamment les sites archéologiques", selon un communiqué.

Dans la matinée, trois hommes se sont présentés en voiture au poste de contrôle barrant l'accès au parking du temple de Karnak. "Un policier en civil, suspicieux, les a forcés à s'arrêter, l'un des assaillants s'est échappé du véhicule et a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui", explique le ministère du Tourisme dans un communiqué. Les policiers ont immédiatement ouvert le feu sur les deux autres hommes, tuant l'un et blessant grièvement l'autre à la tête, ont précisé des officiers contactés sur place par l'AFP. "S'ils avaient réussi à entrer dans le temple, cela aurait été un véritable massacre", a commenté un général de la police de Louxor, interrogé par l'AFP.
 

Attentat suicide déjoué à Louxor. Les touristes étaient visés par les jihadistes - ÉGYPTE

Dès l'explosion, les services de sécurité, nombreux sur les sites touristiques en Égypte depuis une série d'attentats dans les années 1990, ont consigné les centaines de touristes et visiteurs dans le temple, assurant leur sécurité.

Les jihadistes changent de stratégie

Mais ce n’est pas tout, l'attaque de mercredi, même si elle n'a pas encore été revendiquée, semble indiquer que les jihadistes ont décidé de changer de stratégie en visant désormais le tourisme. Et pour cause, le secteur est capital pour le pays, qui représentait en 2014 11,3 % du PIB national, d'autant plus au moment où Le Caire tente d'attirer à nouveau les touristes et les investisseurs internationaux, qui avaient déserté l'Égypte depuis la révolution du Nil en 2010. En février, le pays avait enregistré une hausse de 20% des recettes du tourisme en 2014 par rapport à l'année précédente.

Pour Mohamed al-Zayat, du Centre régional pour les études stratégiques au Caire, "on a voulu porter un coup dur à l'économie et au tourisme, montrer que le pays n'est pas sûr au moment où le secteur connaissait une reprise".

Le ministère du Tourisme a tenté dès mercredi dans son communiqué de limiter les risques pour cette industrie vitale pour le pays, et qui commençait à renaître lentement: "nous avons renforcé les mesures de sécurité sur tous nos sites et continuons à faire tout notre possible pour que rien n'arrive à ceux qui visitent l'Égypte".

S’il s’agit de la seconde attaque visant des touristes depuis la destitution par l'armée en juillet 2013 du président Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, la grande majorité des attaques, de plus en plus fréquentes depuis l'éviction de Mohamed Morsi, et perpétrés par des groupes jihadistes visaient jusqu'alors quasi-exclusivement les forces de sécurité. Ces attentats meurtriers des derniers mois ont eu lieu dans le nord de la péninsule du Sinaï, bastion d’Ansar Beït al-Maqdess, la branche égyptienne de l’Organisation de l’État islamique (EI).

Avec AFP