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"Brexit" : le référendum franchit une première étape au Parlement britannique

Une large majorité de députés britanniques a approuvé, mardi, le projet de loi sur le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Avant d'être adopté, le texte doit cependant encore franchir d'autres étapes législatives.

Le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne (UE) a franchi une première étape, mardi 9 juin, au Parlement britannique. Sur les 597 députés présents, 544 ont approuvé le projet de loi sur cette consultation, ouvrant la voie à la suite d'un processus parlementaire dont l'issue s'annonce sans suspense.

Le texte doit encore passer plusieurs étapes législatives devant la Chambre des communes et celle des Lords, mais son adoption définitive ne fait aucun doute puisqu'il est soutenu à la fois par les conservateurs et l'opposition travailliste.

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L’amendement que les nationalistes écossais du SNP ont déposé afin de bloquer le projet de loi a été rejeté par une écrasante majorité (338 voix contre 59), tout comme la proposition d'ouvrir le vote aux jeunes de 16 et 17 ans.

Promesse de campagne

Ce projet de référendum sur ce qu'on appelle le "Brexit" a été introduit par le gouvernement conservateur de David Cameron dans la foulée de sa réélection triomphale pour un deuxième mandat, le 7 mai. Promesse de campagne électorale, le texte prévoit de poser aux Britanniques la question suivante : "Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l'UE ?"

Prévu d'ici à la fin 2017 au plus tard, la consultation pourrait intervenir dès l'année prochaine, en fonction des résultats de la renégociation des conditions d'appartenance du Royaume-Uni à l'UE menée par David Cameron, lui-même partisan d'un maintien de Londres dans un groupe réformé.

"Nous espérons pouvoir négocier un nouvel accord qui répondra aux inquiétudes des Britanniques avant de proposer le référendum promis", a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Philip Hammond, à l'ouverture du débat. "Nous avons besoin d'un changement fondamental de la manière dont fonctionne l'Union européenne", a-t-il insisté.

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Londres souhaite notamment rapatrier certains pouvoirs au nom de la souveraineté du Parlement britannique, et durcir les conditions d'accès aux aides sociales pour les ressortissants de l'UE.

Tiraillements dans le camp conservateur

Cependant, les six heures de débats, mardi, à la Chambre des communes ont de nouveau mis en lumière les déchirements au sein du parti conservateur sur la question européenne.

Si le député pro-UE Kenneth Clarke, ancien ministre de Margaret Thatcher, a mis en garde contre la "voie escarpée qui mène au nationalisme isolationniste", le député conservateur John Redwood a, lui, indiqué que le vote pour la sortie de l'UE était, au contraire, une chance de "restaurer la démocratie britannique si précieuse mais endommagée".

Cet élu eurosceptique fait partie d'un groupe fraîchement créé d'au moins 50 parlementaires conservateurs, baptisé "Conservatives for Britain", qui appelle à quitter l'Union sauf réformes significatives. Une faction que David Cameron ne voit pas d’un très bon œil.

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"Si vous voulez faire partie du gouvernement, vous devez soutenir l'idée que nous sommes engagés dans un processus de renégociation en vue du référendum et qu'il va aboutir à un résultat positif", avait prévenu le Premier ministre britannique, dimanche, en marge du sommet du G7 en Allemagne.

"Un os à ronger pour les eurosceptiques"

Même si David Cameron s'est ensuite défendu de vouloir pousser vers la sortie les ministres récalcitrants, cette déclaration a continué à agiter la classe politique mardi, surtout dans les rangs du parti conservateur. Il serait probablement "plus sain et plus diplomatique" de laisser les membres du gouvernement libres d'exprimer leur point de vue, a estimé le maire conservateur de Londres, Boris Johnson, à qui l'on prête l'ambition de succéder à David Cameron.

Se délectant des tiraillements dans le camp "tory", Alex Salmond, ancien Premier ministre écossais et aujourd'hui député du SNP, en a profité pour qualifier de "bêtise" ce référendum. La consultation n'est, selon lui, "qu'une tactique déployée pour détourner les électeurs de l'Ukip [parti europhobe] ainsi qu'un os à ronger pour les eurosceptiques, alors que personne ne peut réellement croire que le Premier ministre veuille sortir le Royaume-Uni de l'UE".

Avec AFP