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Le procès d'une trentaine d'Américains et d'Italiens, dont beaucoup seraient des agents secrets, va se poursuivre, selon les ordres d'un juge italien. Ils sont accusés d'avoir enlevé un imam égyptien suspecté de terrorisme, en 2003.

Reuters - Un juge italien a ordonné mercredi la poursuite du procès d'une trentaine d'Américains et d'Italiens accusés d'avoir enlevé un imam égyptien en 2003 dans le cadre des transferts secrets de personnes soupçonnées de terrorisme.

Un grand nombre des accusés - 26 Américains et sept Italiens - seraient des agents secrets, mais une partie des pièces à conviction n'est pas accessible en raison du secret d'Etat américain.

Face à cet obstacle, la défense a demandé l'abandon complet des poursuites, mais le magistrat milanais Oscar Magi a rejeté mercredi cet appel et demandé la poursuite des procédures.

"Cette décision est positive, puisque l'ensemble des demandes de la défense ont été rejetées et que le procès peut se poursuivre", a déclaré le procureur Armando Spataro, joint au téléphone par Reuters.

Les 33 inculpés sont accusés d'avoir enlevé à Milan l'imam égyptien Hassan Moustafa Oussama Nasr, connu sous le nom d'Abou Omar, pour l'envoyer en Egypte. Ce dernier affirme y avoir été torturé et détenu sans être inculpé pendant des années.

La décision de poursuivre le procès survient alors que les Etats-Unis sont engagés dans l'examen de leurs pratiques des dernières années à l'égard des détenus accusés de terrorisme.

La décision du président Barack Obama de publier une série de mémos détaillant ces procédures, dont le "waterboarding", ou simulation de noyade, n'a fait que renforcer la demande d'un procès pour cette affaire d'enlèvement.

Le gouvernement américain a toutefois refusé d'extrader ses 26 ressortissants mis en cause à Milan.

Le juge Magi a également noté qu'il serait impossible d'appeler à témoigner le président du conseil de l'époque - Silvio Berlusconi, réélu depuis à ce poste - et son successeur Romano Prodi, les éléments dont ils pourraient disposer étant eux aussi couverts par le secret d'Etat.

La défense souhaitait voir les deux dirigeants comparaître afin d'étayer l'argument selon lequel le secret d'Etat doit protéger les accusés. Mais selon le procureur Spataro, les amener à témoigner aurait été "hors de propos".

Silvio Berlusconi avait démenti toute implication des services italiens dans l'affaire, et prévenu que Rome risquait d'être mise au ban de la communauté du renseignement si ses relations avec la CIA était exposées.

Selon Titta Madia, avocate de l'ancien chef des services secrets italiens Nicolo Pollari, les multiples barrages créés par les secrets d'Etat mettent le procès "dans une impasse". "Ils ne continuent plus que pour sauver la face", a-t-elle dit.