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L’acteur britannique Michael Enright, connu pour sa prestation dans "Pirates des Caraïbes", a quitté Hollywood il y a trois mois pour combattre l’organisation de l'État islamique en Syrie, aux côtés des combattants kurdes.
"Si je dois mourir, je mourrai" : la détermination de Michael Enright semble sans limite. Cet acteur britannique de 51 ans, connu notamment pour sa prestation dans le blockbuster "Pirates des Caraïbes", a quitté Los Angeles pour se battre contre l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie.
En mars, l’acteur abandonne son confort hollywoodien pour rejoindre les rangs du YPG, les combattants kurdes postés dans les monts Sinjar, dans le Kurdistan syrien. Il n’a alors qu’une motivation en tête : "Supprimer [l'État islamique] de la surface de la terre, ils sont une tache sur l'Humanité", confie-t-il à la chaîne Al Aan, basée à Dubaï.
>> Revoir sur France 24 : "Au cœur des monts Sinjar, encerclés par les jihadistes"
L’exécution du photojournaliste américain James Foley, en août 2014, par le Britannique Jihadi John a été un premier électrochoc. "L’EI a coupé la tête d’un homme qui avait les mains dans le dos. Le pire pour moi, c’est que le bourreau était Britannique. Je vis aux États-Unis, c’est un pays que j’aime de tout mon cœur. Et là, c’est un Anglais qui tue un Américain !" explique-t-il sur la vidéo d'Al-Aan, diffusée mardi 2 juin.
L’acteur, né à Manchester mais installé aux États-Unis depuis l'âge de 19 ans, se sent redevable. Témoin impuissant des exécutions médiatisées d’otages occidentaux, Enright décide de franchir le pas après la mise à mort du pilote jordanien, Maaz al-Kassasbeh, brûlé vif par les jihadistes en janvier.
Recruté sur Facebook
D’après le quotidien britannique "Daily Mail", qui l'a interviewé par téléphone, Michael Enright a contacté, via Facebook, les "Lions du Rojava" [nom kurde du Kurdistan syrien, NDLR]. Suivant les recommandations d’un recruteur, il rejoint Sulaymaniyah, dans le Kurdistan irakien, où personne ne l’attend à l’arrivée. Malgré les avertissements d’un ami militaire qui lui conseille de faire demi-tour, Enright persiste. Il veut défendre "l’humanité" et il est prêt à aller jusqu’au bout.
"En Irak, l’armée chiite a laissé tomber ; elle a abandonné les armes, les laissant à l’ennemi. Les armes payées par les Américains ! Mais les Kurdes, eux, ont continué à se battre. Alors j’ai décidé de rejoindre leurs rangs. Je ne suis pas venue pour fuir mais pour combattre", assure-t-il sur Al-Aan.
Finalement récupéré par les Kurdes, l’acteur est emmené dans un "lieu secret" en Syrie, où il est soumis, avec d’autres volontaires occidentaux, à un entraînement militaire intensif. Rapidement, il est envoyé sur le terrain pour monter la garde à la frontière du "Rojava". "Quand tu es de garde, tu sais que la dernière chose entre la civilisation et l’EI, c’est toi et ta Kalachnikov", raconte-t-il au "Daily Mail".
Apocalypse Syria
Sa Kalach ne le quitte plus, il la baptise Olga. Pourtant, avant de donner un petit nom à sa pétoire, Enright ne connaissait des armes que les pastiches des plateaux de cinéma. Difficile d’ailleurs de réaliser que la guerre ne se joue plus sur un écran. Quand il raconte ses faits d’armes, celui qui a partagé l’affiche de "Night and Day" avec Tom Cruise se fantasme en héros d’une réalité qui dépasse la fiction : "On venait de libérer un immeuble. Et tandis qu’on roulait à travers les montagnes, tous les gens sortaient de chez eux, ils étaient tellement contents de nous voir ! Les femmes faisaient des youyous. Les seules fois on où voit ça en Occident c’est dans les films !", relate-t-il sur Al-Aan.
Enright a la sensation de faire partie de l’Histoire. Enfin. Il avait manqué son tour après le 11-Septembre : "Le plus grand regret de ma vie était de ne pas être allé en Afghanistan après les attentats du 11 septembre. Les vidéos de décapitation ont fait ressurgir les mêmes sentiments, et un vrai sens du devoir envers l’Amérique. J’ai vraiment l’impression d’avoir une dette envers ce pays. Vous savez, il m’a accueilli à bras ouverts", explique le Britannique au "Daily Mail". .
Pourtant, il n’est pas sûr de retourner un jour sur sa terre d'accueil. Il n’est que trop conscient de risquer de subir le même sort que les otages David Haines ou Alan Henning, exécutés par l'EI. "Je ne suis pas venu jouer un jeu. J’ai laissé toute ma famille et mes amis et je ne les reverrai peut-être jamais. Je leur ai dit que je les aimais, que j’espérais les revoir. Mais nous sommes dans une guerre alors je ne sais pas si ce sera dans cette vie ou dans la prochaine", conclut celui qui espère, enfin, tenir en Syrie le haut de l’affiche.