BHL, Daniel Cohn-Bendit, Nick Clegg ou encore Guy Verhofstadt... Quelque 90 noms figurent sur la liste des personnalités européennes "non gratae" que la Russie a dressée en réaction aux sanctions de Bruxelles prononcées à son encontre.
L'Union européenne (UE) ainsi que plusieurs de ses pays membres comme l'Allemagne et le Royaume-Uni ont vertement critiqué la "liste noire" de la Russie interdisant à des personnalités européennes d'entrer sur son territoire. Une mesure prise en riposte à une salve de sanctions adoptées en juillet dernier par l'UE visant le régime de Poutine.
Au total, 89 noms, dont ceux d'anciens chefs de gouvernement, de hauts responsables de la défense, de parlementaires ou encore de détracteurs de la politique de la Russie issus de la société civile figurent sur cette liste que Moscou a transmise vendredi à des ambassades. Une autre liste concerne aussi des citoyens américains, a déclaré, samedi 30 mai, un responsable du ministère aux médias russes.
BHL, Leroux, Cohn-Bendit…
Quatre Français figurent parmi les Européens visés : l'intellectuel Bernard-Henri Lévy, Henri Malosse, président du Comité économique et social européen, le patron des députés socialistes Bruno Le Roux ainsi que Daniel Cohn-Bendit, ancien eurodéputé qui vient d'obtenir la nationalité française.
"Je trouve ça très drôle", a déclaré ce dernier à Reuters. "Ça correspond au régime poutinesque, ça aurait été vraiment triste que Poutine me considère comme son ami", a-t-il ajouté, estimant figurer sur cette liste en raison de ses positions critiques envers le régime de Vladimir Poutine.
De fait, plusieurs hommes politiques européens se sont dit fiers d'avoir été inclus sur la "liste noire" de la Russie. "Lorsque j'ai vu les autres noms [sur la liste], j'ai pensé que je faisais partie d'un club très honorable", a par exemple affirmé l'ancien ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg, connu pour ses critiques de la politique de Moscou à l'égard de l'Ukraine. "Je considère cela comme une récompense", a ajouté ce député.
Neuf Britanniques figurent, selon une source proche du dossier, sur cette liste. Parmi eux, le patron du renseignement MI5, Andrew Parker, le chef d'état-major de l'armée, Nicholas Houghton, l'ancien vice-Premier ministre Nick Clegg et l'ancien ministre des Affaires étrangères Malcolm Rifkind.
On y trouve en outre le nom de la secrétaire d'État allemande à la Défense Katrin Suder et du général Karl Müllner, haut responsable de l'armée de l'air allemande, d'après le journal Bild.
Il y a aussi, selon différentes sources, ceux d'hommes et de femmes politiques polonais, suédois, allemands, tchèques, néerlandais, finlandais et belges, dont le président du groupe libéral au Parlement européen et ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt ainsi que l'ex-président du Parlement européen et ancien chef du gouvernement polonais Jerzy Buzek. Idem pour le président du Sénat polonais, l'ancien opposant Bogdan Borusewicz. "Depuis quelque temps nous constatons que la Russie ne cherche pas vraiment à calmer les tensions mais plutôt à les aggraver", a dit à Reuters une porte-parole du gouvernement polonais.
"Arbitraire et injustifié"
La Russie a bloqué l'entrée de plusieurs personnalités politiques européennes au cours des derniers mois, a indiqué à Reuters un porte-parole de la diplomatie européenne. "Nous considérons cette mesure totalement arbitraire et injustifiée, surtout en l'absence de clarifications", notamment sur son fondement juridique, a-t-il ajouté. En visite en Ukraine, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a estimé que cette liste pourrait ralentir le processus de paix dans la région.
Lundi dernier, Berlin a protesté auprès de Moscou, le député conservateur allemand Karl-Georg Wellmann ayant été interdit d'entrée en Russie. Il y a quelques mois, Wellmann avait traité les Russes de "fauteurs de guerre".
Une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères a jugé que la Russie faisait fausse route si elle cherchait ainsi à faire pression sur l'Union européenne pour adoucir les sanctions.
L'Union européenne a imposé des sanctions à la Russie depuis l'annexion de la Crimée en mars 2014. Des interdictions de territoire visent notamment des ressortissants russes et ukrainiens.
Avec AFP et Reuters