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Présidence de la Fifa : le prince Ali de Jordanie peut-il détrôner Sepp Blatter ?

Alors que Joseph Blatter brigue, ce vendredi, un cinquième mandat à la tête de la Fifa, il a pour seul adversaire le jeune prince jordanien Ali bin al-Hussein. Le candidat se présente comme l'homme du changement. Portrait.

C'est l'histoire d'un prince jordanien qui rêve de détrôner le roi inébranlable de la Fifa. C’est surtout le pari insensé d’Ali bin al-Hussein, demi-frère du roi Abdallah II de Jordanie, l'unique concurrent de l’omnipotent Sepp Blatter, lors de l’élection à la présidence de la plus haute instance du football, vendredi 29 mai, à Zurich.

Au moment même où un séisme sans précédent ébranle les fondations de la Fifa, avec l'arrestation en Suisse de plusieurs hauts responsables de la fédération à la demande de la justice américaine, dans le cadre d’une vaste opération anti-corruption, sa cote est montée en flèche. Mais pas suffisamment pour représenter une menace pour Sepp Blatter, en poste depuis 1998, malgré le scandale et les nombreux appels à sa démission.

"Transparence et probité"

Le prince Ali, âgé de 39 ans, est l’un des sept vice-présidents de la Fifa, membre du comité exécutif depuis quatre ans. Avant même que n’éclate le scandale, il mise sur l’image d’un jeune homme incarnant la transparence et la probité. Il se présentait comme l'homme du changement. "Nous ne pouvons pas continuer avec la crise à la Fifa", a récemment indiqué le prince. "La Fifa a besoin d'une direction qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations. Une direction qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui".

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Le prince Ali est né du troisième mariage de son père, feu le roi Hussein, avec la reine Alia, une Jordanienne d'origine palestinienne tuée dans un accident d'hélicoptère en 1977, deux ans après sa naissance. Marié à Rym Brahimi, fille du célèbre diplomate algérien Lakhdar Brahimi, et père de deux enfants, il a étudié aux États-Unis et à Sandhurst, le Saint-Cyr britannique. Passionné de sport, de lutte gréco-romaine et de ballon rond, il dirige depuis 1999 la Fédération jordanienne de football. En 2012, le prince a créé le projet de développement du football asiatique (AFDP, à but non lucratif) pour développer le jeu à travers l'Asie, en particulier auprès des jeunes, et valoriser la place des femmes.

Après les désistements de Michael van Praag, président de la Fédération néerlandaise et de Luis Figo, ancien Ballon d'Or, il est devenu l’espoir de tous ceux qui veulent tourner la page Blatter, à l'instar de Maradona, la légende argentine. Son soutien numéro un n’est nul autre que Michel Platini, le président de l’UEFA à la tête de la croisade contre l’Helvète de 79 ans.

Poids léger face à Blatter

Le prince Ali peut-il gagner alors que Sepp Blatter contrôle l’ensemble de l’appareil de la Fifa, et jouit du soutien de la grande majorité des 209 fédérations qui élisent le président de l’instance gouvernementale du football ? "Avant les événements de cette semaine, peut-être pas, mais maintenant avec ce qui s'est passé, je pense que Blatter peut être battu" a estimé Michel Platini. Ce dernier décrit le membre de la famille royale jordanienne comme une personne "honnête" et qui "n’a pas besoin d’argent".

Toutefois, les chances du prince restent infimes, à moins d’une fronde généralisée contre le président actuel qui peut compter sur la fidélité de l’Afrique (54 voix).

Principal écueil : Ali bin al-Hussein n'est pas président de sa Confédération, l'Asie, dont dépend la Jordanie. C'est le cheikh bahreïni Salman bin Ebrahim al-Khalifa qui occupe ce poste. Ce dernier est  un fervent supporteur de son rival. Autant dire que les voix asiatiques pourraient se porter sur la candidature de Sepp Blatter. Verdict ce vendredi.

Avec AFP