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Après le scandale de la Fifa, l'UEFA veut repousser son congrès

Au lendemain du scandale de corruption de la Fifa, l'UEFA, qui se réunit jeudi à Zurich, pourrait demander le report du vote pour élire le président de l'instance. Blatter, candidat pour la cinquième fois, doit faire un discours dans la soirée.

Après la déflagration judiciaire qui a ébranlé la Fifa, la journée de ce jeudi 28 mai s'annonce animée, à Zurich, entre une réunion de l'UEFA (Union des associations européennes de football), opposée à la tenue du Congrès de l'instance et de l'élection de son président, et un discours que doit tenir Joseph Blatter, candidat à un cinquième mandat, dans la soirée.

Michel Platini, président de l'UEFA, répète depuis un an que la Fifa a besoin "d'air frais", reprochant à Blatter de s'accrocher au pouvoir par "peur du vide". Les deux actions judiciaires distinctes qui ont visé la Fifa mercredi 27 mai, sur fond de corruption à grande échelle, ont conduit la Confédération européenne, écœurée par l'image de l'instance suprême, à sortir la grosse artillerie.

Depuis Varsovie, où leur état-major assistait à la finale de l'Europa League, les Européens ont appelé au report du Congrès et du vote pour la présidence de la Fifa.

Il y a quatre ans, lors de la dernière élection, seule la Fédération anglaise (FA) s'était opposée à la tenue du scrutin. À présent, le président de la FA, Greg Dyke, demande à Sepp Blatter de quitter son poste. "Il n'est pas possible de rétablir la confiance en la Fifa si Sepp Blatter est encore là", a-t-il affirmé.

UEFA, bastion anti-Blatter

L'UEFA tient jeudi sa traditionnelle réunion d'avant Congrès, comme la plupart des Confédérations composant la Fifa. Cette année au parfum de scandale sera évidemment particulière.

Il est aussi de tradition que Blatter vienne délivrer son message aux Confédérations dans ce cadre. Le Suisse de 79 ans s'en passera peut-être. Le président, en exercice depuis 1998, a déjà fait l'impasse mardi devant l'Océanie, l'Afrique et l'Amérique du Sud. Il est vrai que la journée ne s'y prêtait guère après le tsunami médiatique des descentes de police, dans un luxueux hôtel fréquenté par des responsables de la Fifa et au siège de l'instance, dans deux procédures séparées.

L'année dernière à Sao Paulo, lorsque Blatter avait rendu visite à la Confédération européenne, il avait déjà été accueilli fraîchement. Le président de la fédération néerlandaise, Michael Van Praag, avait alors pris le micro pour dire que c'était une mauvaise idée de se représenter et qu'il était responsable de la "mauvaise image" de la Fifa. Van Praag avait même posé cette année sa candidature contre lui, avant de la retirer (comme l'ancien Ballon d'Or Luis Figo) pour se ranger derrière le seul challenger de Blatter, le Prince Ali, un des vice-présidents de la Fifa. Le Jordanien est d'ailleurs ouvertement soutenu par Platini.

Le poids des mots de Blatter

La veille d'un Congrès, prévu vendredi, également jour de l'élection, il est de tradition que le président de la Fifa s'exprime dans un court discours dans la soirée, avant de lancer la cérémonie d'ouverture et le dîner de gala.

Le Congrès étant maintenu pour l'heure, "Sepp" fera-t-il une allusion au contexte actuel ? Usera-t-il de la métaphore marine trouvée lors de la dernière présidentielle, déjà à Zurich ? Le Suisse s'était comparé au "commandant qui ne peut pas quitter le navire dans une mer agitée".

Sera-t-il question cette fois de se faire réélire sur une promesse d'un grand ménage ? Ce dernier mot a été utilisé par le directeur de la communication de la Fifa, Walter de Gregorio, venu commenter la situation quand les différentes actions judiciaires ont été rendues publiques mercredi.

"Le président Blatter et la Fifa peuvent faire le ménage jusqu'à un certain point, mais après nous avons besoin de l'aide de la justice", a lancé le porte-parole devant une salle bondée.

"Vous n'allez pas me croire, mais tout ce qui se passe, c'est bon pour la Fifa, pas bon pour l'image, pas bon pour la réputation, mais c'est bon pour faire la lumière", a encore ajouté De Gregorio. Mais la Fifa n'aimerait sans doute pas revivre pareille journée.

AFP