La Grèce a annoncé dimanche par la voix de son ministre de l'Intérieur qu'elle n'effectuerait pas le remboursement au FMI prévu au mois de juin prochain, faute d'argent. Un rebondissement qui suscite de nombreuses inquiétudes.
Athènes ne compte plus rembourser le FMI comme elle l’avait précédemment annoncé. Le ministre de l'Intérieur, Nikos Voutsis, a annoncé dimanche 24 mai que son pays n’aurait pas les moyens d'effectuer le remboursement prévu.
"Les quatre versements au FMI en juin représentent 1,6 milliard d'euros. Cet argent ne sera pas donné et il n'y en a pas à donner", a déclaré le ministre de l'Intérieur à la chaîne de télévision grecque Mega.
Prié de dire s'il craignait un incident de crédit si Athènes venait à manquer une échéance, le ministre a répondu : "Ce n'est pas ce que nous recherchons, nous ne le voulons pas, ce n'est pas notre stratégie. La situation est mûre pour un accord fondé sur la logique."
Contradictions
Cette volte-face n’est pas une surprise. Déjà cette semaine, Nikos Filis, porte-parole du parti de gauche radicale au pouvoir Syriza, avait assuré : "Nous n'avons pas l'argent pour payer le FMI le 5 juin. Il n'y a de l'argent que pour les salaires et les retraites."
Alexis Tsipras avait également prévenu dès le mois de mars que la Grèce ne pourrait pas indéfiniment honorer le remboursement de sa dette, si on ne lui prêtait pas à nouveau un peu d'argent. Samedi, Alexis Tsipras a haussé le ton en affirmant que son gouvernement avait accompli sa part du travail et qu'il ne céderait pas à des "exigences irrationnelles".
Le Premier ministre et l'équipe des ministres en charge des négociations avec les créanciers n'ont toutefois jamais annoncé qu'un paiement ne se ferait pas.
Contre la stratégie d’asphyxie
La Grèce a fait "un pas énorme" dans la négociation d'un accord avec ses créanciers internationaux pour éviter la faillite, a pour sa part estimé dimanche le ministre des Finances Yanis Varoufakis en soulignant qu'il serait "catastrophique" pour son pays de quitter la zone euro.
"C'est maintenant aux institutions de faire leur part. Nous les avons rejointes aux trois quarts du chemin, elles doivent nous rejoindre sur un quart du chemin", a déclaré le ministre lors d'une émission à la BBC.
Privée d'accès aux marchés obligataires, alors que les aides liées au plan de sauvetage sont bloquées, Athènes en est réduite à racler ses fonds de tiroirs pour honorer sa dette et payer les salaires et les pensions de ses fonctionnaires.
L'Eurogroupe sur écoute secrète
En marge de ses propos sur la dette, le ministre grec des Finances a par ailleurs reconnu dimanche sur la BBC qu’il avait enregistré en douce des échanges entre les ministres des Finances de la zone euro lors du sommet de Riga. Des déclarations qu'il avait déjà faites dans le "New York Times Magazine".
"Faute de temps, j’enregistre souvent mes interventions et réponses sur mon smartphone [...]", a déclaré Yanis Varoufakis sur son blog et à la BBC, en précisant qu’il utilisait les enregistrements pour préparer ses comptes rendus devant le conseil des ministres à Athènes. "J’ai fait la même chose lors de l’Eurogroupe à Riga, et, une fois de retour à Athènes, j’ai utilisé l’enregistrement pour faire un compte rendu à mes collègues", a-t-il écrit.
Avec AFP et Reuters