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Colombie : les Farc reprennent les armes après un raid militaire meurtrier

Les Farc ont suspendu, vendredi, leur trêve instaurée il y a six mois en Colombie au lendemain d'un raid de l'armée colombienne qui a tué au moins 26 guérilleros. Un mois auparavant, le président Santos avait autorisé la reprise des bombardements.

Sans surprise, la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) a suspendu, vendredi 23 mai, sa trêve instaurée il y a six mois en Colombie, au lendemain d'un raid militaire du gouvernement. Les bombardements ont visé un campement des Farc, dans le département du Cauca, tuant au moins 26 guérilleros. Cette attaque constitue l'un des pires revers essuyés par la rébellion marxiste depuis le lancement de pourparlers, ouverts à Cuba en novembre 2012.

"La suspension du cessez-le feu unilatéral et indéfini n'était pas dans nos intentions", a annoncé sa délégation depuis La Havane, "mais l'incohérence du gouvernement Santos l'a provoquée après cinq mois d'offensives terrestres et aériennes".

Le président Juan Manuel Santos avait prévenu, le 19 avril, que la trêve était rompue et que les bombardements reprendraient. Et ce, en réponse à la mort de 11 soldats colombiens tués dans une prétendue attaque de la guérilla marxiste, survenue le 15 avril.

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"Ce sont les règles du jeu"

"C'est une action légitime de l'État pour la défense et la protection des citoyens", a plaidé le président Santos, entouré de l'état-major de l'armée, lors d'une allocution télévisée solennelle depuis le palais présidentiel à Bogota. "Les opérations des forces de l'ordre contre la subversion ne s'arrêtent et ne s'arrêteront pas", a poursuivi le chef de l'État. "Ce sont les règles du jeu", a-t-il encore insisté, tout en estimant qu'il était temps d'"accélérer" le processus de paix.

La rébellion colombienne, qui compte encore près de 8 000 combattants repliés dans les zones rurales, a appelé à "la poursuite du dialogue", insistant pour un "cessez-le-feu bilatéral". "La paix est l'unique chemin contre la barbarie. Plus de morts sans raison", a tempêté Pastor Alape, l'un des dirigeants des Farc, affirmant que les guérilleros avaient été abattus "sans pouvoir combattre, démembrés par des bombes de 250 kilos".

À La Havane, les pourparlers de paix ont été ajournés d'"un commun accord" à lundi, selon une source proche de la délégation des autorités colombiennes. "C'est une crise très grave", a affirmé Jorge Restrepo, directeur du centre d'études colombien Cerac, spécialisé dans le conflit, "mais elle ne rompt pas les négociations".

"Les deux camps ont certainement des motifs très forts pour continuer la négociation, mais cela envoie un signal problématique, pour ne pas dire contradictoire, au moment où l'on attend plus de progrès pour une désescalade", a estimé pour sa part Christian Voelkel, représentant en Colombie de l'ONG International Crisis Group (ICG), spécialisée dans la résolution des conflits.

Avec AFP

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