La Brigade financière perquisitionne actuellement les sièges de Natixis et de ses maisons-mères, la Banque populaire et le groupe Caisses d'épargne, dans le cadre d'une enquête ouverte à la suite d'une plainte de petits actionnaires.
AFP - La police a perquisitionné mardi les sièges de Natixis et de ses maisons-mères, la Banque populaire et le groupe Caisses d'épargne, dans le cadre d'une enquête ouverte à la suite d'une plainte de petits actionnaires estimant avoir été lésés lors de l'entrée en bourse de la banque fin 2006.
Les enquêteurs de la Brigade financière se trouvaient toujours sur les lieux à la mi-journée, selon une source proche du dossier.
Ils agissent dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet de Paris ouverte début mars à la suite d'une plainte déposée le 24 février par 91 petits actionnaires emmenés par l'Association pour la défense des actionnaires minoritaires (Adam), selon une source judiciaire.
Ces petits actionnaires dénoncent une "diffusion d'informations trompeuses", une "présentation de comptes inexacts" et une "répartition de dividendes fictifs et la présentation de faux bilan" à l'occasion de l'entrée en bourse de cette filiale de la Caisse d'épargne et de la Banque populaire.
Contactées par l'AFP, les trois banques n'ont pas souhaité réagir dans l'immédiat. Natixis est contrôlée à 71,5% par la Caisse d'Epargne et Banque Populaire, actionnaires à parité.
Depuis son introduction en bourse en novembre 2006, le cours de Natixis a dégringolé. Introduit au cours de 19,55 euros, l'action ne valait lundi à la clôture de la Bourse de Paris que 1,42 euro.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) a elle aussi ouvert une enquête à l'automne sur la chute du titre Natixis.
Lors du dépôt de plainte, la présidente de l'Adam Colette Neuville, avait dénoncé "l'information financière faite par Natixis et les conditions dans lesquelles ces titres ont été placés auprès du public".
"La plupart des actionnaires se plaignent des conditions dans lesquelles ils ont été démarchés, ils estiment avoir été mal informés voire désinformés", avait-elle affirmé.
Présenté comme un placement de "père de famille", le titre Natixis avait été proposé par les conseillers bancaires de la Banque populaire et de la Caisse d'épargne de façon insistante, selon Alain Géniteau, l'avocat de l'Adam.
L'introduction en bourse avait connu un grand succès populaire, plus de 2,8 millions de particuliers souscrivant des titres Natixis.
Depuis la banque de financement et d'investissement a cumulé les déboires. Natixis a été l'établissement français le plus touché par la crise des "subprime" aux Etats-Unis. Elle a accusé une perte nette de 2,8 milliards d'euros en 2008 et une nouvelle perte de 1,8 milliard d'euros au premier trimestre.
Autre front pour la banque: une enquête judiciaire s'intéresse aux conditions de nomination de son nouveau président du conseil d'administration, François Pérol.
L'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée est visé par deux plaintes d'association pour prise illégale d'intérêt sur les conditions de sa nomination sans l'aval de la commission de déontologie.
M. Pérol doit prendre cet été la tête du groupe issu de la fusion en cours de la Banque Populaire et du groupe Caisse d'Epargne, qui deviendra le deuxième groupe bancaire français avec 34 millions de clients, selon la ministre de l'Economie Christine Lagarde.