Plus de 10 000 personnes étaient rassemblées dimanche en Macédoine à l’appel de l’opposition. Elles réclament la démission du gouvernement du Premier ministre conservateur Nikola Gruevski, accusé d'écoutes illégales à grande échelle.
Ils sont 10 000 dans les rues de Skopje, en Macécoine, et demandent la démission du Premier ministre Nikola Gruevski. Rassemblés devant le siège du gouvernement, les protestaires affirment vouloir camper sur place jusqu'à obtenir le départ de l’homme fort du pays. La manifestation est d'une ampleur relativement importante pour cette ville de 520 000 habitants.
Nicolas Gruevski, à la tête du gouvernement depuis neuf ans et reconduit au pouvoir lors des législatives anticipées d'avril dernier, se trouve au cœur d'un scandale d’écoutes illégales, révélé en février par le chef du parti social démocrate Zoran Zaev, dans l'opposition. Il aurait commandité des enregistrements sur des journalistes, des magistrats et lors de procédures électorales pour mieux les contrôler.
Gruevski n'a pas nié l'exactitude du contenu de ces enregistrements mais a réfuté les avoir commandités. Zoran Zaev a, depuis, été poursuivi pour violence contre l'État.
Projet "mégalomane"
Le Premier ministre est également accusé par l’opposition de dérive autoritaire et de mégalomanie faisant notamment référence à un projet pharaonique d'embellissement de la capitale macédonienne dont le coût est estimé à plusieurs dizaines de millions d'euros, dans un pays où 28 % de la population est au chômage.
Si Gruevski refuse pour l’instant de présenter la démission de son gouvernement, trois de ses proches collaborateurs, les ministres de l'Intérieur et des Transports ainsi que le chef des renseignements ont déjà rendu leur tablier.
La Macédoine tente de rejoindre l'Otan et de devenir membre de l'Union européenne mais ses candidatures sont bloquées depuis plusieurs années en raison d'un contentieux avec la Grèce sur le nom du pays.
Des diplomates occidentaux en poste à Skopje ont tenté d'entamer une médiation dans cette crise mais leur initiative a été compliquée par des incidents survenus les 9 et 10 mai, à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale. Les forces de l'ordre et un groupe armé se sont affrontés dans un faubourg albanophone de Koumanovo faisant côté policiers huit morts et 37 blessés. Quatorze "terroristes [...] venus d'un pays voisin" selon les autorités macédoniennes auraient par ailleurs été tués.
Avec Reuters et AFP