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Alors que Paris accepte de rembourser 785 millions d'euros pour l'annulation du contrat Mistral, Moscou souhaiterait être indemnisé à hauteur de 1,163 milliard, et refuserait la revente des navires à un pays tiers pour le moment.
La saga du Mistral continue d’empoisonner les relations entre la Russie et la France. Vendredi 15 mai, le journal russe "Kommersant" a affirmé, d’après des sources militaires russes, que Moscou refusait la proposition française de remboursement de 785 millions d’euros pour l’annulation du contrat de livraison de deux bateaux porte-hélicoptères Mistral. À la place, c’est une indemnisation de 1,163 milliard d’euros qui est demandée.
Cette information a ensuite été confirmée de source proche du dossier à l’agence Reuters. "La somme de 1,163 milliard d'euros est légèrement en-dessous de la valeur du contrat", a indiqué un responsable russe sous le sceau de l'anonymat. La vente de ces deux Mistral, conclue en 2011, est en effet estimée à 1,2 milliards d’euros.
Pour justifier sa demande, Moscou met notamment en avant les dépenses pour la formation des 400 marins qui devaient constituer l'équipage, la construction des infrastructures à Vladivostok, où devait être basé le premier Mistral, et la fabrication de quatre hélicoptères de combat.
Question de "sécurité nationale"
Un haut responsable du ministère russe de la Défense, cité par l’agence Interfax, a indiqué que la Russie s'opposait en outre "pour le moment" à ce que les deux navires soient revendus à un pays tiers pour des questions de "sécurité nationale". "Les deux porte-hélicoptères Mistral ont été construits pour la marine russe, pour nos hélicoptères, nos systèmes de contrôle, notre infrastructure. Ces bateaux ne peuvent en aucune circonstance être cédés à un pays tiers pour le moment, c'est une question de sécurité nationale", a insisté Iouri Iakoubov, cité par l'agence de presse Interfax.
Du côté du Kremlin, on minimise la portée de ce désaccord : "Le principe est le suivant : soit les bateaux, soit l'argent", a résumé Dmitri Peskov, ajoutant que Vladimir Poutine et François Hollande s'étaient entendus sur ce point le mois dernier en Arménie. Le porte-parole du Kremlin n'a en revanche pas souhaité commenter directement les informations de "Kommersant", selon lequel Paris souhaite en outre que la revente ait lieu avant le remboursement.
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Le ministre russe des Affaires étrangères a pour sa part affirmé que la question des Mistral ne relevait plus de la diplomatie ou la politique, mais de la "sphère juridique et commerciale".
De son côté, Paris indique seulement que "des discussions à l'amiable sont en cours sur les conditions et l'avenir du contrat", sans plus de précisions.
Vers un accord fin mai ?
La livraison du Vladivostok, le premier des deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) construits à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), a été suspendue pour une durée indéterminée par la France l'an dernier en raison du rôle de Moscou dans la crise ukrainienne. Le deuxième BPC, baptisé Sébastopol, du nom de la ville de Crimée où est basée la flotte russe de la mer Noire, devait quant à lui être livré fin 2015 à la Russie.
Le contrat Mistral se trouve depuis plusieurs semaines entre les mains des avocats qui tentent de trouver une solution acceptable par les deux parties. Selon un vice-directeur du service russe de coopération militaire et technique, les deux pays s'attendent à aboutir à un accord avant la fin mai.
Mi-avril, Vladimir Poutine avait fait savoir que la Russie entendait être remboursée des sommes déjà versées dans le cadre de ce contrat, tout en précisant qu'elle n'imposerait pas de pénalités à la France.
Avec Reuters et AFP