Le président sortant Pierre Nkurunziza a lancé sa campagne présidentielle au Burundi alors que les manifestations contre sa candidature se poursuivent dans la capitale. Un sommet est prévu mercredi à Dar-Es-Salam pour tenter de résoudre la crise.
Rien ne semble l’ébranler. Candidat à sa réélection à la présidence du Burundi, Pierre Nkurunziza a lancé mardi 12 mai sa campagne présidentielle. "Le CNDD-FDD est toujours là ! Nos fidèles partisans sont toujours là !", a-t-il clamé devant près de 5 000 supporters, réunis pour l’occasion dans la province de Muyinga, dans le nord du pays.
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Pourtant au même moment à Bujumbura, la capitale, les manifestations ne faiblissent pas. L'annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat a déclenché le 26 avril un mouvement de contestation qui a dégénéré entre ceux qui jugent sa candidature inconstitutionnelle et les Imbonerakure, ligue des jeunes du parti au pouvoir qualifiée de "milice" par l’ONU.
Les heurts – qui ont déjà fait 20 morts et poussé à l’exil plus de 50 000 Burundais, selon l’ONU – n’entachent en rien la détermination de Pierre Nkurunziza à organiser ces élections. Le Burundi, petit pays de l'Afrique des Grands Lacs, a prévu le 26 mai de tenir des législatives et des communales, suivies le 26 juin d'une présidentielle.
L'opposition demande le report des scrutins
En plus de Pierre Nkurunziza, sept candidats sont enregistrés pour la présidentielle. Mais le leader des Forces nationales de Libération (FNL), Agathon Rwasa, principal opposant à Nkurunziza, demande un report de ces élections. "Comment faire campagne avec des Imbonerakure armés [miliciens du CNDD-FDD, NDLR] lorsque l'on n'a pas de garantie de sécurité ? C'est pratiquement impossible", déclare à France 24 Agathon Rwasa.
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À l’instar de ce candidat, l’Union européenne (UE) et les États-Unis ont appelé lundi au report des élections pour apaiser la crise politique et les violences. La Belgique, la Suisse et les Pays-Bas avaient haussé le ton en suspendant leur financement au processus électoral.
Organiser les élections dans ces conditions devient un défi pour le gouvernement. Le sommet extraordinaire des chefs d'États de la Communauté d'Afrique de l'Est (Burundi, Rwanda, Tanzanie, Kenya, Ouganda), qui se déroule ce mercredi à Dar-Es-Salam en Tanzanie, pourrait être déterminant pour trouver un scénario de sortie de crise.
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