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Le rapport posthume de Boris Nemtsov prouve l'ingérence militaire russe en Ukraine

Des proches de Boris Nemtsov, assassiné en février dernier, ont présenté mardi à titre posthume un rapport d'enquête réalisé par l'opposant russe, prouvant l'ingérence militaire de Moscou en Ukraine. La Russie dément ces allégations.

Le travail d’enquête mené par l’opposant Boris Nemtsov, assassiné à Moscou le 27 février dernier, ne tombera pas dans l’oubli. Ses proches ont présenté mardi 12 mai un rapport faisant état de la mort de nombreux soldats russes tombés en Ukraine, ce que le Kremlin dément depuis des mois.

Le document de 64 pages intitulé "Poutine. La guerre" a été rédigé par des journalistes et ses alliés politiques du parti RPR-Parnasse à partir des éléments que l'opposant Boris Nemtsov avait rassemblés. Ce rapport indique que les troupes russes auraient été envoyées "massivement" dès août 2014 dans l'est de l'Ukraine, pour épauler les rebelles dans leur contre-offensive à Ilovaïsk et sur le front sud de Donetsk.

D'autres unités auraient été envoyées par la suite, en janvier et février derniers, cette fois en tant que "volontaires", lors des âpres combats pour la ville stratégique de Debaltseve, contraignant le président ukrainien Petro Porochenko à s'asseoir à la table des négociations à Minsk.

"Nous avons rassemblé ce que nous considérons comme des preuves exhaustives de la présence de troupes russes en Ukraine", a lancé Ilia Iachine, la compagne de l’opposant, lors de la présentation du document devant la presse mardi.

Les alliés de Boris Nemtsov ont d'ores et déjà prévu des présentations publiques et des distributions du rapport à Moscou et dans d'autres grandes villes russes.

"Notre objectif est de parler à ceux qui sont prêts à nous écouter. Même s'il s'agit de 1 % des Russes, nous aurons fait notre boulot", a insisté Ilia Iachine.

"Sources ouvertes"

Selon ses proches, les éléments rassemblés par Boris Nemtsov proviennent de "sources ouvertes", tels que les médias ou les réseaux sociaux, mais aussi de "sources anonymes à Moscou" et de témoignages des familles de soldats tombés en Ukraine. Celles-ci l'ont contacté en vue d'obtenir la compensation financière promise par les autorités russes.

Selon le rapport, les familles de ces militaires ont ainsi reçu deux millions de roubles (35 000 euros) à condition de ne pas dévoiler les circonstances de leur mort.

Ce rapport évalue le coût du conflit pour Moscou à 53 milliards de roubles en dix mois (930 millions d'euros), auxquels s'ajoutent 80 milliards de roubles (1,4 milliard d'euros) dépensés par les régions russes pour l'accueil de réfugiés du Donbass, sans compter l'impact des sanctions occidentales décrétées contre la Russie.

Silence du Kremlin

Le Kremlin a pour sa part refusé de commenter les informations du rapport, le porte-parole Dmitri Peskov dit "ne pas avoir pris connaissance du dossier".

Moscou a toujours catégoriquement démenti toute livraison d'armes ou envoi de combattants chez son voisin, comme l'en accusent Kiev et les Occidentaux. La Russie reconnaît toutefois la présence dans le Donbass de "volontaires" russes partis de leur propre initiative combattre aux côtés des rebelles.

Le rapport de Boris Nemtsov accuse en outre les rebelles pro-russes d'être responsables du crash du vol MH17 de Malaysia Airlines en juillet 2014, vraisemblablement abattu par un missile et provoquant la mort de 298 personnes.

Le journal d'opposition russe Novaïa Gazeta avait déjà publié en mars l'interview d'un jeune soldat russe qui affirmait avoir été déployé avec son unité de tankistes d'Oulan-Oude dans l'est de l'Ukraine, où il a été grièvement brûlé en février après des affrontements avec l'armée ukrainienne.

D'autres médias russes avaient exigé la vérité sur la présence présumée de troupes russes en Ukraine en août, à la suite d'enterrements en Russie de soldats décédés  dans des circonstances floues.

Avec AFP