Pour célébrer "sa" victoire sur l'Allemagne nazie, il y a 70 ans, la Russie n'a pas regardé à la dépense. Une impressionnante parade militaire est notamment organisée sur la place Rouge à Moscou, mais sans la présence d'Occidentaux.
Parade militaire monstre sur la place Rouge, démonstration du patriotisme dans les rues de Moscou, retour des affiches de Staline : la Russie célébre en grandes pompes, samedi 9 mai, le 70e anniversaire de "sa" victoire sur l'Allemagne nazie. Des célébrations qui se déroulent dans un contexte tendu entre Russes et Occidentaux, les alliés d'alors.
Vladimir Poutine peut se targuer d'accueillir les dirigeants de puissances émergentes comme les présidents chinois Xi Jinping et indien Pranab Mukherjee, son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi ou cubain Raul Castro, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, pour une parade militaire à l'ampleur inédite, qui fait la part belle aux nouveaux armements russes.
Le nouveau char Armata T-14 présenté comme le plus puissant du monde par son constructeur, des missiles balistiques intercontinentaux de près de 50 tonnes, 16 000 soldats : la vingtaine de chefs d'État invités à la tribune officielle devait assister pendant plus d'une heure à une démonstration de la puissance de feu russe, revenue sur le devant de la scène un quart de siècle après la chute de l'URSS.
"Il faut rappeler que c'est l'Armée rouge qui, au terme d'un assaut dévastateur sur Berlin, a mis un point final à la guerre contre l'Allemagne hitlérienne", a déclaré l'homme fort du Kremlin lors d'un discours sur la place Rouge, en prélude à la parade militaire à laquelle ont participé des troupes serbes, indiennes et chinoises.
"Je remercie les peuples de Grande-Bretagne, de France et des États-Unis pour leur contribution à la victoire. Je remercie les différents pays antifascistes qui ont pris part aux combats contre les nazis dans les rangs de la résistance et dans la clandestinité", a, par ailleurs, déclaré Vladimir Poutine, avant une minute de silence en mémoire des victimes de la guerre, une première dans l'histoire des cérémonies du 9 mai en Russie.
"Gloire éternelle aux défenseurs de la patrie !"
Le président russe s'est ainsi montré apaisant, faisant un geste en direction des Occidentaux et se gardant d'évoquer la menace "fasciste" ukrainienne comme l'a régulièrement fait le Kremlin ces derniers mois.
Pendant ce temps, dans le centre de Moscou, une foule de vétérans, de touristes et de Moscovites se pressait le long du tracé emprunté par les véhicules blindés.
"Ça me donne le tournis de penser à tout le sang que nous avons versé pour accrocher ce drapeau sur le Reichstag. Gloire éternelle aux défenseurs de la patrie !", lançait Viatcheslav Ostrovski, un quadragénaire vêtu d'un uniforme d'officier de l'époque en se prenant en photo avec sa fille devant un blindé d'époque.
"Les Européens ne sont pas venus, c'est dommage. Je comprends nos différends, mais ils auraient pu oublier ça au moins le temps d'une journée et venir célébrer avec nous la destruction du fascisme", regrettait pour sa part Elena Iliouchina, une touriste venue de Novossibirsk, en Sibérie.
itDans la soirée, des concerts sont prévus avant un feu d'artifice tiré depuis une dizaine de points dans la capitale russe.
Contexte de tensions entre Russes et Occidentaux
Ces festivités interviennent dans un contexte de tensions diplomatiques fortes entre Russes et Occidentaux. Les rares responsables européens présents samedi dans la capitale russe - tchèque et slovaque - n'assisteront pas à la parade, tout comme le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Et la chancelière allemande Angela Merkel n'est attendue à Moscou qu'au lendemain des commémorations pour des entretiens avec Vladimir Poutine.
Ces dissensions tranchent avec l'unité affichée le 6 juin 2014 lors du 70e anniversaire du débarquement allié en Normandie. La crise ukrainienne battait son plein mais cela n'avait pas empêché le président Poutine de faire le déplacement et de rencontrer ses homologues occidentaux.
Toutefois, Vladimir Poutine se soucie peu du boycott des Européens et Américains, qui ont fêté vendredi le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus populaire que jamais dans un pays qui a élevé la victoire de 1945 au rang de mythe fondateur du patriotisme et de la grandeur russe.
Commémorations en Ukraine
En Ukraine aussi, la fin de la Seconde Guerre mondiale a été commémorée. Dans la République autonome de Donetsk, les troupes ont défilé samedi 9 mai dans les rues de la ville en exhibant le matériel militaire utilisé contre les soldats ukrainiens.
À Kiev, les autorités ukrainiennes pro-occidentales ont célébré le 8 mai, "jour de la mémoire et de la réconciliation", la victoire sur l'Allemagne nazie.
itAvec AFP