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Viols présumés en Centrafrique : la justice française ouvre une enquête

Une information judiciaire va être ouverte à Paris sur les allégations de viols sur mineurs qui auraient été commis entre 2013 et 2014 par des soldats français dans un camp de réfugiés de Bangui, en Centrafrique.

Paris veut la vérité. Des juges d’instruction français vont enquêter sur des soupçons de viols sur mineurs commis par des soldats français en Centrafrique. Quatorze militaires français ont été mis en cause, dont trois identifiés par les témoignages de six enfants recueillis dans une note de l'ONU en 2014.

"Le parquet de Paris a ouvert ce jour, 7 mai 2015, une information judiciaire contre personne non dénommée des chefs de viols sur mineurs de quinze ans par personnes abusant de l’autorité conférée par leurs fonctions et complicité de ce crime", a annoncé le procureur de Paris François Molins dans un communiqué.

"Les investigations vont désormais se poursuivre sous l’autorité de magistrats instructeurs, afin de parvenir à la manifestation de la vérité quant aux faits dénoncés", a-t-il poursuivi.

L’enquête préliminaire basée sur le rapport de l’ONU

Une enquête préliminaire avait été ouverte par le parquet de Paris en juillet, sur la base du document des Nations unies faisant état d’abus sexuels présumés sur une dizaine d’enfants entre décembre 2013 et juin 2014, dans le camp de réfugiés de l’aéroport de M’Poko, à Bangui, sous protection militaire. Aucun enfant ni militaire mis en cause n'a été entendu dans le cadre de cette enquête. Dans son communiqué, le parquet explique qu'il a d'abord voulu entendre la fonctionnaire de l'ONU, rédactrice du rapport.

De son côté, le ministre centrafricain de la Justice, Aristide Sokambi, a déclaré mercredi que le pays engagerait des "poursuites" contre des militaires français

La France se défend d’avoir voulu étouffer l’affaire

Après la révélation de l’affaire par le quotidien britannique The Guardian, l'ONU et le ministère français de la Défense se sont défendus d'avoir voulu étouffer le dossier. "Si quelqu'un a sali le drapeau, parce que c'est de cela qu'il s'agit, il faut qu'il le dise dès à présent, car cela revient à trahir ses camarades, l'image de la France et la mission des armées", a déclaré dimanche dans "Le JDD" le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, qui assure avoir transmis le dossier à la justice dès qu’il en a été informé, le 27 juillet 2014.

Parallèlement, le chef d’état-major des forces armées a lancé fin juillet 2014 sa propre enquête. Conclue dès le mois d’août, cette investigation a été "mise à la disposition de la justice", assure le ministre. Il a également évoqué une "enquête complexe", en soulignant que "depuis les faits allégués, la plupart des soldats ont quitté ce théâtre d'opérations".

Avec AFP et Reuters