Au lendemain de la confirmation par le président du Burundi de son intention de briguer un troisième mandat, de nouveaux affrontements dans le pays ont fait quatre morts jeudi.
Au moins trois personnes ont été tuées dans des affrontements, jeudi 7 mai, dans la capitale du Burundi Bujumbura, théâtre depuis douze jours de manifestations d'opposants à un troisième mandat du président Pierre Nkurunziza, selon des journalistes de l'AFP et la Croix-Rouge. Une quatrième personne a par ailleurs été tuée par un policier au sud-est de Bujumbura, constituant le premier décès enregistré hors de la capitale.
Les journalistes de l'AFP ont vu les corps de deux victimes, l'un ayant reçu une balle dans la tête, l'autre carbonisé. La Croix-Rouge, quant à elle, a indiqué qu'une personne grièvement blessée dans l'explosion d'une grenade était également morte de ses blessures.
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Jeudi matin, dans le quartier périphérique de Kinama, dans le nord de Bujumbura, un petit groupe de manifestants s'est opposé à des partisans du gouvernement, selon eux des membres des Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir. La police a alors ouvert le feu sur les manifestants, tuant l'un d'eux. Les Imbonerakure, qualifiés de "milices" du pouvoir par l'ONU, sont accusés d'intimider les opposants à Pierre Nkurunziza.
Dans le même quartier, selon la Croix-Rouge, l'explosion d'une grenade lancée par des inconnus a fait un mort et sept blessés.
L'Union africaine juge l'environnement "pas propice" à la tenue d'élections
C'est dans un autre quartier périphérique de l'est de la ville, Nyakabiga, qu'un photographe de l'AFP a vu un corps carbonisé.
Selon des témoins, trois personnes ont été vues par les manifestants descendre d'un pick-up des services de renseignement. La foule les a alors pris en chasse. L'un est parvenu à s'échapper, tandis que l'armée s'est interposée avant que le deuxième ne se fasse tuer. Mais le troisième a été battu à mort par des habitants du quartier, qui ont ensuite mis le feu à son corps.
La quatrième victime de la journée, un adolescent de 15 ans, a été tuée par un policier dans la commune de Gisozi, à quelque 80 km au sud-est de Bujumbura. "Il semble que le policier ripostait à des tirs qui provenaient de manifestants", a dit le porte-parole de la police nationale Liboire Bakundikize.
Depuis le début du mouvement le 26 avril, qualifié par le pouvoir de "soulèvement" et ses participants de "terroristes", au moins 17 personnes ont péri.
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L’Union africaine (UA) a fini, jeudi, par se prononcer sur cette situation. L'environnement n'est "pas propice" à la tenue d'élections au Burundi, a ainsi déclaré la présidente de la Commission de l'UA Nkosazana Dlamini-Zuma, dans un entretien à la télévision chinoise CCTV diffusé jeudi.
Mais en dépit de pressions croissantes, Pierre Nkurunziza a confirmé mercredi soir qu'il briguerait bel et bien un troisième mandat en juin.
Avec AFP